Édito #76

Un hommage d’abord, à un ami qui vient de nous quitter : Denis Leblond. Un hommage en forme de coup de chapeau. Façon Panama ! La gouaille dans un coin du sourire… L’ironie et le grinçant pour un fou de musiques « parallèles ». Denis Leblond était comme ça. De Joe Privat et du Paris Musette aux Primitifs du Futur, de Raoul Barboza à John Greaves, le chemin du blues était long et tortueux, les compagnonnages nombreux et foisonnants : Eddie Bo, Charmaine Neville, Red Morgan, Raoul Ficel, UP Wilson, les 101 Runners, Don Vappie, Steve Verbecke, Walter Wolfman Washington, les Coolbones, les Neville Brothers… Bien des noms manqueront dans le listing du « manager qui faisait tout ». L’autre soir, à Boulazac, son ami Benoît Blue Boy a joué pour lui. Un écho de Lazy Lester, un coin de paradis du côté de Baton Rouge, la Lichère dans le bon Tempo… Rip Denis.

Stéphane Colin

Denis Leblond, MNOP, Périgueux, août 2010. Photo © Marcel Bénédit

Un numéro de fin d’année aux saveurs mitigées. Entre une certaine forme de pesanteur du moment, de propos politiques et/ou idéologiques inquiétants sur fond de recrudescence de Covid…, heureusement, il y a la musique ! Parfois salvatrice… Ce blues du Texas « à ras-de-terre » joué et littéralement vécu par Ray Reed, un des derniers musiciens au son aussi brut ; la flamme et l’envie de tous ces artistes du label Alligator qui vient de fêter ses 50 ans à Chicago ; le piano et la bonne humeur inoubliables de Little Willie Littlefield ; ou encore – entre les coups durs de la vie et ceux donnés sur le ring – ces morceaux de blues et de jazz regroupés dans un superbe coffret proposé par Frémeaux & Associés (FA 5800)… Un numéro certes emprunt d’Histoire, comme toujours, mais résolument optimiste. Comment ne pas l’être d’ailleurs à l’écoute des disques de Lady A, Ben Levin, Silk Sonic, Natalia M. King, Miss Lady Blues, Phillip-Michael Scales, Dionne Bennett, Willie Jackson, Teresa James et de bien d’autres artistes présents dans les nouveautés dans ce numéro ? Un peu de douceur dans ce monde de brutes. Merci à eux.

Marcel Bénédit