Édito #80

Orange Jefferson fait partie des nombreux artistes de blues afro-américains pétris de talent mais inconnus en Europe. Entre la fréquentation régulière des geôles du Texas et la nécessité de subvenir à ses besoins, la route fut parsemée d’embuches pour arriver à ce que la musique, salvatrice, lui permette enfin de tourner une page sombre de sa vie. Compositeur inspiré, excellent chanteur et harmoniciste, sa prestation fit l’unanimité lors du dernier Eastside Kings Festival d’Austin auquel Eddie Stout l’avait convié. L’occasion pour Jean-Luc Vabres et Gilbert Guyonnet de le rencontrer et s’entretenir avec lui sans langue de bois.

The Dark End of the Street… Composé par Dan Penn et Chips Moman, ce titre donna lieu en 1967 à la publication d’un 45tours par la firme Goldwax à Memphis qui marquera définitivement l’histoire de la Soul music grâce à l’alliance du talent de son interprète, James Carr, un chanteur exceptionnel, et d’une chanson magnifique. Cette histoire d’amour interdit serait presque le reflet du lien de James Carr au succès durant toute sa vie ; un parcours pour le moins cahotique dont les fondements, sans faire de psychanalyse de bas étage, trouvent peut-être leur origine dans son enfance maltraitée. Gilbert Guyonnet nous conte ici le destin terrible de cet artiste de génie.

Je pense que vous l’aurez compris, à ABS nous sommes fans de Crystal Thomas ! Qui ne le serait pas d’ailleurs ? Elle est sans conteste l’une des chanteuses les plus talentueuses de la scène actuelle. De fait, elle tourne beaucoup et est amenée à se produire avec divers musiciens de par le monde. Parmi ceux-ci, le groupe japonnais Bloodest Saxophone lui offre un écrin particulier dans lequel le swing règne en maître ; qu’elle chante ou qu’elle joue du trombone avec ses amis nippons, l’osmose est totale. Ils étaient de nouveau invités du Eastside Kings Festival d’Austin, Texas, en septembre et, pour la première fois, du Lucerne Blues Festival, Suisse, en novembre. Pour paraphraser Jean-Luc Vabres qui nous présente ici le groupe : « ces musiciens ont la grande classe ! »

Quoi de neuf Docteur ? Déçu ou pas par l’expo sur les Black Indians de La Nouvelle-Orléans au quai Branly, sise à la Capitale de la France du 4 octobre 2022 au 15 janvier 2023 ? Un peu, visiblement, du fait de liens manquants et de certaines omissions que Stéphane Colin évoque pour nous dans son intéressant retour sur cet événement. Mais pas complètement non plus si l’on considère que cette expo a au moins le mérite d’exister pour tenter de mettre en lumière costumes et traditions des Black Indians. Une première. Quand en plus la soirée de visite est suivie par un concert des Galactic (retranscrit en totalité en fin d’article grâce au site du musée), alors on en deviendrait presque indulgent.

La série de quatre articles de notre ami Jean-Pierre Urbain à (re)paraître courant 2022 se termine avec le portrait d’un des noms incontournables du blues de Bentonia : Jack Owens. Ce remarquable portrait avait été publié dans le numéro 15 d’ABS Magazine en septembre 2007. Nous y avons adjoint quelques nouvelles photos, inédites, et une vidéo qui montre – si besoin est – que le Bentonia blues n’était pas que l’affaire de Skip James… Je pense évidemment à Jean-Pierre qui nous manque terriblement, ainsi qu’à ses amis Daniel Droixhe et Joseph Brems qui sont présents dans cet article et, bien sûr, à Marina, Émilie et Céline.

Noël approche et il sera bien difficile de faire un choix dans toutes les parutions, que ce soit en disques ou en bouquins. Nous essayons, une fois encore, modestement, de vous aiguiller.

Marcel Bénédit