Guitar Slim Jr

Guitar Slim Jr, Blues en Loire, La Charité sur Loire, 24 août 2018. Photo © Marcel Bénédit

Blues from NOLA

• Rodney Armstrong, alias Guitar Slim Jr, n’était jamais venu en France jusqu’alors. Le festival Blues en Loire, depuis ses débuts, a permis à nombre de musiciens – parfois peu connus de ce côté de l’Atlantique – de se produire en France.  Bonne idée donc que d’inviter le chanteur et guitariste louisianais à se produire sur la scène nivernaise le 24 août 2018, le jour de son anniversaire ! Il nous gratifia d’une belle prestation lors de laquelle l’ombre de son père, Guitar Slim, planait du fait de l’emprunt de nombreux titres emblématiques à son répertoire, dont le fameux The Things That I Used To Do, mais aussi par le style. Backstage, un petit entretien fut possible pour faire connaissance. Personnage très souriant, d’une extrême gentillesse, Guitar Slim Jr n’est pas quelqu’un de très loquace, d’un naturel timide, mais sur scène, il fait le spectacle.

• C’est la première fois que vous venez ici, le public ne vous connaît pas encore très bien…
Oui, c’est la toute première fois que je viens jouer en France. Mon nom est Rodney Glenn Armstrong. Je suis né le 24 août 1952 à New Orleans, Louisiana. Mon père était le fameux Guitar Slim, de son vrai nom Eddie Jones. Donc mon premier nom est Jones, mais ma mère s’est remariée. J’ai un frère, Barry, qui joue de la guitare. J’ai joué tout gosse avec mon père, mais je n’ai pas eu le temps de bien le connaître. J’avais sept ans quand il est mort à New-York, moi j’étais à New Orleans.

• Quels souvenirs avez-vous de lui ?
Il était toujours en tournée et fréquentait beaucoup d’autres musiciens, dont Ray Charles. Il est mort en 1959 et était né en 1926. Il n’avait pas encore 33 ans ! J’aime toujours autant jouer des morceaux de son répertoire.

Guitar Slim Jr, New Orleans Jazz & Heritage Festival 2010. Photo © Gene Tomko

• C’est votre mère qui s’est occupée de vous ?
Oui. Elle m’a élevé. Elle aussi avait pas mal de problèmes avec mon père… mais elle n’en disait jamais de mal. Elle faisait ce qu’elle pouvait !

• Vous avez passé votre jeunesse à New-Orleans ?
Oui, et un peu partout en Louisiane. On ne restait pas très longtemps au même endroit.

• Quand l’ouragan Katrina est arrivé, où étiez-vous ?
Je jouais dans une petite ville du Mississippi, mais ma maison à New Orleans n’a pas souffert. J’ai eu beaucoup de chance…

Guitar Slim Jr, Blues en Loire, La Charité sur Loire, 24 août 2018. Photo © Marcel Bénédit

• Comment avez-vous appris à jouer ?
Mon frère m’a appris d’abord à jouer avec trois doigts, ce qui m’a donné un toucher particulier. Lui, il était très doué, nous sommes comme des frères jumeaux. Il a commencé par m’apprendre le Funky Chicken de Rufus Thomas, morceau dont j’étais fou. Au début, je le jouais toute la nuit dans la maison, au grand désespoir de toute la famille !

• Quelle musique écoutiez-vous dans votre jeunesse ?
De la New Orleans soul : Lee Dorsey, Smiley Lewis, Ernie K. Doe. Mais Earl King dont le style était proche de celui de mon père ; ils jouaient parfois l’un à la place de l’autre et les gens n’y voyaient que du feu ! Avec Deacon John, ils aimaient plaisanter et se faire des blagues, pas toujours de bon goût d’ailleurs !

Guitar Slim Jr entouré de Niels Verheest (claviers), Frank Sprangler (guitare rhythmique), René Stock (basse), Steve Wouters (batterie), Blues en Loire, La Charité sur Loire, 24 août 2018. Photo © Marcel Bénédit

• Pouvez-vous nous dire quelques mots à propos de Stevie Ray Vaughn ?
C’était mon ami. Ce type là était super ! Nous avons tourné ensemble à la fin des années 80. En 1989, au festival de Great Woods, nous avons été filmés et enregistrés et sommes sur une vidéo et sur un CD ensemble. Il m’a donné son fameux chapeau avec une plume sur le côté. Nous avions projeté de faire un album tous les deux, mais sa disparition prématurée n’a pas permis à ce projet de se concrétiser, malheureusement.

• Vous avez gravé trois CD plus des enregistrements « live » au Jazz Heritage Festival qu’on peut voir sur internet ?
Oui, j’ai trois CD à mon nom. Le premier, « Story of my Life », est paru en 1988 (NDLR : sur Orleans Records) et a été nommé pour un Grammy Award dans la catégorie Best Traditional Blues Album l’année suivante. Les autres, «  Nothing Nice » paru en 1996 (NDLR : sur Warehouse Creek Records) et « Brought up the Hard Way » en 2010 (NDLR : sur ClyDesign Studios), ont été mal distribués et sont difficiles à trouver, bien qu’ils aient été enregistrés à New Orleans ! Dans , il y a les Memphis Horns, c’est aussi un très bel album.

• Aujourd’hui, vous avez votre propre groupe ?
Plus ou moins. Mon drummer est un ancien de Fats Domino. On joue ensemble épisodiquement depuis près de 30 ans suivant les engagements.

• Vous jouez principalement dans les clubs ou les festivals ?
Je me produis régulièrement dans divers clubs à NOLA et dans les environs depuis longtemps, mais également dans des festivals comme le New Orleans Jazz & Heritage Festival.

Guitar Slim Jr, Blues en Loire, La Charité, 24 août 2018. Photo © Marcel Bénédit

• Vous écrivez aussi vos chansons ?
Oui, j’essaie d’en écrire le plus possible, toujours avec l’aide de mon frère.

• Quels sont vos projets ; de nouveaux albums ?
Oui, il y en a un en projet actuellement et un autre qui va bientôt être terminé, si tout va bien.


Par Marcel Bénédit
Remerciements à Marin Pumérol pour son aide à la transcription, à Elisabeth Levannier et à toute la chaleureuse équipe de Blues en Loire