Keeshea Pratt

Keeshea Pratt, Chicago Blues Festival, juin 2018, Chicago. Photo © Mike Stephenson

« Croyez-y ! »

• Keeshea Pratt est la preuve vivante qu’une attitude positive, une confiance dans son propre talent et de la passion peuvent vous emmener au sommet. La Houston Blues Society a sponsorisé le groupe de Keeshea Pratt qui a remporté tous les honneurs au 34e Blues Challenge International à Memphis. Son groupe de huit musiciens a participé à cette compétition de 4 jours contre 230 artistes blues de partout aux US et dans le monde et s’en est sorti avec grand succès. Rencontre, présentation.

Née à Jackson (Mississippi), Keeshea a chanté à l’église à l’age de six ans. Puis elle s’est produite régulièrement sur la scène locale de Jackson avant de partir pour Houston en 2011 avec son mari et ses deux filles et a mis sa carrière musicale entre parenthèses durant sept ans. Heureusement pour ses fans, elle a répondu à la demande du bassiste et producteur Shawn Allen qui lui a demandé de concourir pour l’International Blues Challenge. Elle a rassemblé un super groupe de huit membres seulement huit mois avant la compétition et ce groupe n’eut aucune pitié pour les autres compétiteurs et séduisit les juges avec un mélange de soul, de blues et de r’n’b. Leur premier disque, complètement original, « Believe », est sorti fin mai (cf chronique dans ABS Magazine n°?) et est déjà haut dans les classements et dans les retours des critiques et du public partout dans le monde. Une tournée à travers les US est déjà bouclée pour l’été et l’automne prochains. Le Keeshea Pratt Band vient d’être honoré à Houston avec une journée Keeshea Pratt et une présentation par le maire de Houston, Sylvester Turner. Être ainsi reconnu est une gageur. Cela montre ce qui est possible si vous « y croyez »…

Keeshea Pratt et son groupe, recevant l’award de l’IBC, Memphis, 2018. Photo DR, courtesy of Keeshea Pratt & Frank Roszak.

• Votre groupe est ensemble seulement depuis dix mois maintenant, mais on dirait qu’ils jouent ensemble depuis leur naissance. Comment avez-vous pu mettre au point un ensemble capable de mettre à ce point en valeur vos talents vocaux ?

« Oui, le groupe m’épate ! Ils ont remporté tous les challenges placés devant eux. Il faut beaucoup plus que du talent pour réussir ce qu’ils ont fait. Ce n’est pas toujours le meilleur de ceci ou cela, mais la manière dont chaque musicien peut aider les autres à être les meilleurs fait que ce groupe excelle. »

• Vous avez joué au 35e Chicago Blues Festival. C’était votre première fois. Qu’est ce que cette expérience a pu vous apporter ?

« Non, j’étais là en 2009 avec Jerekus Singleton. J’avais eu la chance d’être avec lui au festival. Mais y revenir avec mon groupe était vraiment excitant. Ce fut une merveilleuse expérience. Nous sommes bénis d’avoir eu une telle opportunité. »

• Certains artistes comme Bobby Rush ont ce talent spécial pour se connecter avec une audience. Vous avez ce talent. Pensez-vous que ceci puisse se développer chez un artiste ou que c’est une chose naturelle  ?

« Il y a sûrement des choses qu’une personne peut apprendre pour gérer une audience. Quand je parle à de jeunes artistes, je leur dis comment établir un contact avec des regards, montrer de l’émotion dans la musique. Évidemment il y a des gens comme Bobby Rush pour qui c’est naturel : Bobby Rush et moi aimons vraiment les gens. Je crois que c’est ça qui compte ! »

• Est-ce que vous connaissiez Bobby Rush à Jackson. Vous a-t-il encouragée à vos débuts ?

« Oui, on se connait bien. Il m’a toujours encouragée pour ma carrière, mais aussi dans ma vie personnelle. »

• Votre bassiste, Shawn Allen, est celui qui vous a ramenée dans le monde de la musique après un long « break » et vous a amenée à faire cet International Blues Challenge. Vous lui avez dit :  «  Je me battrais et j’y arriverai ». Que pensez-vous de ça maintenant et comment votre victoire a changé votre vie ?

« C’est l’affaire d’une femme comme moi de changer et de s’adapter. Quand le groupe a commencé a marcher, j’ai mieux connu ces gens et je les ai aimés et appréciés. Quand j’ai compris qu’ils croyaient en moi, j’ai su qu’il se passait quelque chose de spécial. Ça a changé ma vie de beaucoup de façons ; d’avoir gagné l’I.B.C. m’a conforté dans le sentiment que le butque je recherchais était le bon et m’a donné une deuxième chance de vivre mes rêves. »

• Shawn Allen a composé tous les titres du disque. Est-il capital d’avoir un tel auteur et directeur musical se produisant avec vous ?

« Shawn est vraiment quelqu’un d’exceptionnel. C’est notre arme (pas très) secrète. Il nous apporte ses énormes connaissances musicales. Il est dans le métier depuis très longtemps et c’est un énorme atout de l’avoir sur scène avec nous. »

Keesha Prat. Photo DR, courtesy of Frank Roszak.

• Quel conseil donneriez-vous à de futurs concurrents aux I.B.C. ?

« S’entourer des bonnes personnes ; beaucoup travailler avec des gens qui en veulent autant que vous et de ne pas vous prendre trop au sérieux ; d’aller écouter beaucoup d’autres artistes. Que vous gagniez ou non, cette expérience vous apportera beaucoup. »

• À vos débuts, vous vous produisiez dans des clubs ou des bars. Aujourd’hui vous faites des grandes scènes et des festivals, de Chicago à Telluride ou Las Vegas. Cela implique-t-il une nouvelle façon d’être sur scène ?

« De l’énergie ! Définitivement. Dans les clubs vous pouvez presque toucher les spectateurs. Dans les festivals, le contact est moins évident, mais il y a beaucoup plus d’énergie qui circule. »

• Je sais que la musique gospel a toujours été proche dans votre cœur. Quel rôle joue-t-elle dans votre vie courante ?

« Le gospel est toujours présent dans ma vie. C’est la première musique que j’ai entendue et chantée. J’en chanterai pour toujours, c’est essentiel. »

• Quels artistes écoutez-vous le plus souvent ?

« J’écoute beaucoup Koko Taylor, Etta James et Nancy Wilson. Le pouvoir contenu dans la voix de Koko est étonnant. Etta a tellement de cœur, de douleur et d ‘émotion. Nancy est phénoménale et sa voix est douce et claire. »

• Récemment, le maire de Houston vous a honorée en désignant le « Keeshea Pratt Day ». Pouvez-vous dire combien cet événement a été quelque chose de spécial pour vous ?

« J’en avais les larmes aux yeux. Que le maire d’une des plus grandes ville du pays nous honore de cette façon ! Il fallait que je me pince pour réaliser ! Je suis de Jackson et suis arrivée à Houston il y a quelques années. Je suis sans mots pour dire comment cette ville m’a accueillie. »

Keeshea Pratt Band with Sylvester Turner (maire de Houston), David Robinson (Conseiller municipal) et Sheila Jackson Lee (Congrès). Houston, 15 juin 2018, Keeshea Pratt Day. Photo DR, courtesy of Keeshea Pratt & Frank Roszak.

• Après cette tournée des top festivals aux US, avez-vous des plans pour « conquérir » l’Europe ? Les fans de Blues là-bas ne voudront pas louper ça ?

« On verra. On ne sait pas encore où le K.P. Band va atterrir, mais vous pourrez nous suivre sur Facebook ou sur notre site Web… »

• Après tous ces succès en 2018, quelles sont les ambitions du K.P. Blues Band ?

« On veut, comme nous venons d’en parler, vraiment tourner en Europe, mais aussi sortir un deuxième album. Un Grammy ne serait pas mal non plus ; Croyez-le ! (rires) »


Par Monte “The Blues Stalker” Adkison
Monte Adkison
Transcription Marin Poumérol
Remerciements aux staffs de l’International Blues Challenge et à sa directrice, Barbara Newman (https://blues.org/international-blues-challenge), au staff du Chicago Blues Festival et à Marie May, à Mike Stephenson (www.bluesandrhythm.co.uk)