Édito #62

Swamp Dogg, Porretta Soul festival, Italie, juillet 2011. Photo © Marcel Bénédit

J’imagine que chez beaucoup d’entre nous l’annonce du décès d’Aretha Franklin – notre « Queen of Soul » à tous – a serré la gorge ou humidifié les yeux. Rarement d’ailleurs artiste afro-américain (mis à part peut-être Ray Charles, Michael Jackson ou Prince) avait vu sa disparition relayée de la sorte par les médias internationaux. Cela nous rappelle – si besoin était – qu’il n’y a pas que nous, amateurs de la première heure de Soul et de Blues, dont la vie a été accompagnée par les chansons de ces icônes… Aretha à marqué plusieurs générations par son talent mais aussi par son engagement. Notre ami Lazy Lester nous a également quittés il y a quelques jours. Bien sûr, sa disparition n’a pas fait de bruit médiatiquement parlant – son œuvre est beaucoup plus confidentielle – mais que de tristesse aussi dans nos cœurs ! Je pense à Benoît (Blue Boy) en ce moment, son ami… Ces départs nous rappellent aussi à quel point les scènes soul et blues avec lesquelles nous vivions s’enfuient petit à petit sans qu’on y puisse rien. Nombre des artistes et créateurs qui nous ont accompagnés ont aujourd’hui disparu…

Alors écoutons leurs disques qui, eux, à jamais, resteront. Et surtout continuons si possible à aller voir en concerts ceux qui se produisent encore. C’est vital pour cette musique et ces artistes. Ainsi, le retour – sept ans après un concert magique à Porretta (Italie) – de Swamp Dogg (aka Jerry Williams), pour son festival soul en juillet 2018, se devait d’être relayé dans votre magazine. Nous l’avions rencontré brièvement en 2011, mais pas interviewé. « Génial, iconoclaste et inclassable » sont des termes que Jean-Claude Morlot emploie à son endroit et qui collent parfaitement au personnage. Il est l’un des auteurs compositeurs producteurs de musique afro-américaine les plus inventifs et prolifiques du XXe et début de XXIe siècles. Sans langue de bois, en toute franchise, souvent avec humour, Swamp Dogg a accepté de parler de sa carrière à travers quelques-uns de ses albums présentés pèle-mêle. Un moment rare que nous avons plaisir à vous faire partager dans ce numéro. Au sommaire aussi, la 35ème édition du Chicago Blues Festival qui avait lieu du 8 au 10 juin 2018 ; un coup de projecteur est mis par Jean-Luc Vabres sur ce rendez-vous incontournable des amateurs. Enfin, avec le blues gothique de Ray Cashman, vous découvrirez (peut-être comme moi) une musique dans laquelle blues et littérature gothique sont intimement liés ; Victor Bouvéron – en auteur avisé puisqu’il a réalisé sa thèse sur ce sujet – nous fait découvrir ce personnage et sa musique, mais aussi le milieu dans lequel il évolue. Passionnant.

Cette fin d’été est riche concernant les parutions de disques, de nombreux albums sont à écouter, tant en nouveautés qu’en rééditions. Notons aussi la parution d’un ouvrage collectif sur Charley Patton, travail remarquable mené par notre confrère et ami Robert Sacré, qui est essentiel à la compréhension de l’artiste et de son époque. Tout cela est à retrouver dans l’espace « chroniques ».

Enfin, souhaitons la bienvenue à un nouvel auteur dans l’équipe d’ABS Magazine en la personne d’André Fanelli dont les amateurs de jazz et de blues connaissent l’expertise. – Marcel Bénédit