Boo Boo Davis

Boo Boo Davis. Photo © Jorge Sanhueza-Lyon

Drew Mississippi Man

• James “Boo Boo” Davis est un harmoniciste, chanteur et auteur-compositeur né à Drew, Mississipi, maintenant bien connu des amateurs de Blues. Au début des années 1960, il part pour St. Louis où, avec le Davis Brother’s Band, il se produira durant dix-huit années deux fois par semaine au Tabby’s Red Room, East St. Louis. En 1999, après une apparition sur l’album « Harpin’ On It » d’Arthur Williams, il enregistre enfin son premier disque solo sur le label néerlandais Black & Tan Records de Jan Mittendorp. S’enchaîneront ensuite de nombreuses tournées et une douzaine d’excellents albums. Invité du Eastside Kings Blues Festival d’Austin en septembre 2023, nous avons pu revenir avec lui sur sa carrière.

Boo Boo Davis, Eastside Kings Festival, Austin, Texas, septembre 2023. Photo © Gene Tomko

Austin, 8 septembre 2023. Le petit-déjeuner vient de se terminer. Chris Millar, le célèbre batteur et producteur des désormais mythiques blues sessions pour le compte du label new-yorkais Fedora Records, est arrivé quelques heures plus tôt dans la capitale texane. Ravi de le retrouver à nouveau depuis l’ultime édition du San Francisco Blues Festival, nous évoquons ensemble les bons souvenirs de ses tournées aux côtés de J.J. Malone, Hosea Leavy, Little Arthur Duncan ou encore Iceman Robinson. Il se rappelle dans la foulée avec force détails l’interview de Fillmore Slim que j’avais enregistrée dans les studios de Radio France, mais aussi de leur arrivée inopinée le lendemain en pleine émission, juste pour passer un petit bonjour (!), aux côtés d’un J.J. Malone hilare ! Nous nous mettons d’accord pour faire ensemble, avec Gilbert Guyonnet, une escapade en fin de matinée dans le fameux magasin de disques Antone’s sur Guadalupe Street. Une dizaine de minutes plus tard, nous rejoignent la bassiste Adriana Marie, le guitariste L.A. Jones, et Boo Boo Davis. Son excellent dernier album intitulé « Boo Boo Boogaloo » a paru quelques semaines plus tôt sur le label Blues Lotus. La session réunit ces mêmes musiciens talentueux qui savent mettre en avant, avec intelligence, la musique d’un bluesman qui reste fortement ancrée dans son Mississippi natal. Tout le monde est rassemblé autour de la table. Boo Boo, sa tasse de café devant lui, est prêt à nous faire partager quelques-uns de ses souvenirs…

Boo Boo Davis. Photo DR (courtesy of Jan Mittendorp).

Une vie de labeur

« Boo Boo ? », lance en premier Chris Millar, « je l’ai connu lorsque j’ai produit, pour Fedora Records, la session d’Arthur Williams nommée “Harpin’ On It”, il y tenait la batterie et chantait sur cinq titres. « Vous savez quoi ? » rajoute aussitôt Boo Boo, « peu de personnes jouent de la batterie comme moi ; avec mes baguettes, je suis toujours à l’affût, intraitable sur le tempo ! ». « Je me suis toujours demandé », enchaîne Adrianna, « comment il arrivait à jouer de la batterie et à chanter en même temps ? C’est sacrément difficile ! » Boo Boo opine du chef. La bassiste continue : « Son passage de derrière les fûts au devant de la scène à l’harmonica s’est effectué pour faire suite aux demandes des différentes personnes qui l’engageaient. Elles souhaitaient toutes régulièrement qu’il soit plus mis en valeur grâce à ses formidables compositions accompagnées par son jeu à l’harmonica très down home ». Boo Boo acquiesce.

Boo Boo Davis, Pocono Blues Festival 2007. Photo © Gene Tomko

Il est temps de repartir dans le Sud avec sa cohorte de moments de vie difficiles… « J’ai vu le jour dans la petite bourgade de Drew, dans le Mississippi, le 4 novembre 1943. On habitait dans le secteur de Quiver River. J’étais très jeune lorsque ma mère est décédée, ce fut un moment difficile, je m’en souviens comme si c’était aujourd’hui. On habitait à proximité d’une baraque qui servait de Juke House où s’arrêtaient régulièrement Howlin’ Wolf, Sonny Boy Williamson (Rice Miller) ou encore Muddy Waters. Mon père, Sylvester Davis, qui jouait de tous les instruments, les connaissait très bien depuis de nombreuses années, il était régulièrement à leurs côtés. Quand mon paternel n’était pas à la maison, avec l’un de mes frères on allait traîner du côté d’une cabane qui servait de juke joint pour écouter de l’extérieur la musique qui en sortait, ça nous fascinait.

De gauche à droite : Jan Mittendorp et Boo Boo Davis, sur scène. Photo DR (courtesy Jan Mittendorp).

Régulièrement, je voyais mon père faire ses gammes avec sa guitare. J’étais tout jeune, mais à chaque fois je lui demandais de me montrer comment il arrivait à plaquer tous ces accords afin que moi aussi je puisse jouer de son instrument, il me disait : “Pas question ! On verra çà plus tard !”. Je me rappelle que, très souvent, il interprétait avec vigueur la composition de Muddy Waters, Catfish Blues (NDLR : Boo Boo se met alors à chanter les premières paroles). Allez Papa, donne-moi la guitare, je peux y arriver moi aussi ! Sa réponse était invariablement toujours la même. Je suis le cadet de la famille, j’avais une sœur, Clara, qui chantait et mon frère Sylvester Jr jouait de la guitare. Dès mon plus jeune âge, mon père me mit en garde : “Boire, fumer, laisse-moi tout ça de côté ! Si tu souhaites aller loin dans ta vie, sache que seuls les plus forts arriveront à s’en sortir”. Bien plus tard, tout en suivant ses judicieux conseils, j’en ai fait une chanson que j’ai intitulée Leave It Alone (NDLR : sur le CD “The Snake” paru en 2004, B&T-018). »

Boo Boo Davis, Coopérative de Mai, Clermont-Ferrand, 23 mai 2023. Photo © Marcel Bénédit

Cotton Patch Blues

« La musique ? Comme beaucoup d’entre nous, je l’ai découverte à l’église. Au sein de notre petite paroisse, il y avait trois garçons et deux filles qui faisaient les chœurs, tandis que moi j’étais à la guitare. Peu de temps avant son décès, ma mère m’appela et me dit : “Mon fils, chante-moi s’il te plait mon cantique favori, celui que vous interprétez si bien à l’office”. J’avais la gorge nouée, mais je m’exécutai. Elle disparut peu de temps après. Notre rendez-vous dominical a joué un rôle primordial dans mon amour pour la musique. Je prêche désormais le Blues depuis de longues années, mais j’aurais également pu être Pasteur, je connais un bon nombre de sermons. De toute manière, pour être un chanteur de blues ou un homme d’église, il faut avoir une bonne voix, de ce côté-là, le Seigneur a été bon avec moi (NDLR : Boo Boo se met alors à chanter à la façon de Howlin’ Wolf son classique How Many More Years, puis il enchaîne avec Who Told My Baby ? That She Let Me Alone !). La musique, ce n’était pas uniquement que le dimanche, mais plutôt tous les jours de la semaine. Mon père, qui trimait dur pour ramasser le coton, était musicalement doué, il jouait avec tous les musiciens de passage. Elmore James, John Lee Hooker et beaucoup d’autres on fait le bœuf avec lui. J’étais tout gamin, mais déjà la musique me passionnait. Je souhaitais bien sûr le suivre et faire comme les plus grands, mais mon père me répétait à longueur de temps : “ Mais que fais-tu ? Il faut que tu rentres à la maison ! Tu n’es pas autorisé à rentrer dans le juke joint !”. Il s’aperçut très vite que ce n’était pas un caprice de ma part, que je souhaitais, tout comme lui, vraiment jouer d’un instrument. Il dénicha alors une boîte en tôle vide de Saindoux, puis il fixa fermement un torchon par-dessus. Il confectionna également deux baguettes d’une manière très simple, il les tailla dans un morceau de bois pris sur l’arbre qui était derrière chez nous. “Voilà ce qui t’attends fiston”, déclara-t-il. “À partir d’aujourd’hui, tu seras batteur, plus tard tu joueras aux côtés de tes frères qui seront à la guitare et à la basse, tandis que Clara, ta sœur, sera au chant. Pour le moment, tu restes chez nous, tu es encore trop jeune !”. »

De gauche à droite : L.A. Jones et Boo Boo Davis, Eastside Kings  Festival, Austin, Texas, septembre 2023. Photo © Jean-Luc Vabres

« Ce n’est qu’adolescent que j’ai pu commencer à les accompagner et, dès mes 18 ans, les portes des juke joints me furent grandes ouvertes. Nous avons alors écumé tout le Mississippi, Meridian, Clarksdale, Rolling Fork, on a joué de partout. J’en ai fait une chanson qui se nomme tout simplement Drew Mississippi (NDLR : Black & Tan Records – B&T029), elle relate toute cette époque de ma vie. Souvent, avec mon frère, nous accompagnions notre père à la gare. Il s’absentait pour deux ou trois jours voire plus, toujours accompagné de son violon, pour jouer nous disait-il devant de nombreux auditoires, y compris des caucasiens. “Les garçons”, nous disait-il, “je vous laisse quelque temps, mais vous savez quoi faire, n’est-ce pas ?”. Ce qu’il entendait par cette question, c’était que nous devions aller travailler dans les champs de coton, pas question d’aller à l’école, d’ailleurs nous n’y pensions même pas. Nous ramassions pour le compte d’un homme blanc, autour des cent kilos de coton ; si tu souhaitais faire une courte pause pour manger, il fallait d’abord ramasser ton quota, il était dur et intraitable, il avait un œil sur tout. On était dans les champs dès le lever du soleil, on finissait de trimer à la tombée de la nuit. Bien plus tard, j’ai eu un gros souci au moment de recevoir mon salaire journalier quand je travaillais dans une autre plantation. On m’avait reproché d’avoir utilisé un camion sans autorisation, alors que c’était totalement faux. Je risquais la prison, je me suis défendu avec force , j’étais innocent et, le plus important, j’ai été payé ! »

Boo Boo Davis. Photo DR (courtesy of Jan Mittendorp).

Saint Louis Blues

« Souhaitant continuer à pratiquer la musique d’une manière professionnelle et souhaitant en parallèle ardemment quitter cette partie du Mississippi, j’ai, au début des années 1960, rejoint mon frère aîné. Ce dernier résidait à Saint Louis, il jouait alors régulièrement avec l’harmoniciste Doc Terry. Une fois arrivé sur place, je suis bien sûr allé à leur rencontre. “Ton frère me dit que tu te débrouilles très bien à la batterie”, me dit le Doc, “ça te dirait éventuellement de jouer quelques titres avec nous ? J’ai plusieurs engagements dans le Nord, ton frère va m’accompagner”. Je bredouillais quelques mots, je ne savais pas trop quoi répondre. “En tout cas, nous, on part lundi”, ajouta-t-il. Mon frère, qui assistait à la conversation et qui n’en perdait pas une miette, lui déclara : “Doc, si j’ai juste un seul vœu à formuler, c’est que mon petit frère Boo Boo puisse rejoindre le groupe”. C’est ainsi que je me suis retrouvé au sein de la formation de Doc Terry. Quelque temps plus tard, je me suis associé avec l’orchestre du bassiste Little Aaron, c’est lui qui avait composé le fameux titre East Saint Louis que l’on retrouve sur mon album du même titre paru en 1999 (NDLR : Black & Tan Records BT005). Sonny Boy Williamson (Rice Miller), s’était arrêté quelques jours à East Saint Louis, j’ai joué avec lui à ce moment-là. Je me souviens d’ailleurs qu’au cours de la soirée il s’était battu avec un client du club ! Saint Louis avait alors beaucoup d’établissements qui proposaient du Blues, j’ai eu des engagements réguliers au BB’s avec le guitariste Bennie Smith que tout le monde surnommait “The Dean of Saint Louis”. J’en ai eu beaucoup d’autres également avec le regretté guitariste Tommy Bankhead. C’était réellement un gentleman, il m’appelait régulièrement pour que je fasse quelques concerts avec lui. Je n’oublie pas également Oliver Sain ou encore l’illustre Henry Townsend. J’ai fréquenté tous ces formidables musiciens durant de nombreuses années. »

Boo Boo Davis, Coopérative de Mai, Clermont-Ferrand, 23 mai 2023. Photo © Marcel Bénédit

Boogaloo Blues

« Après avoir enregistré une première session en 1999 (NDLR : CD “East Saint Louis” – B&T005), le pianiste de Saint Louis, Bob Lhor, que j’apprécie énormément, me passe un coup de fil : “Hey Boo Boo, ça te dit de venir nous rejoindre en studio, il y aura Arthur Williams également, on a pensé à toi pour venir interpréter quelques titres”, me dit-il. “Pourquoi pas, ça pourrait se faire”, lui répondis-je, “ j’ai quelques morceaux qui sonnent bien ! Dis-moi Bob, vous l’avez planifiée à quelle date cette session ?”. Le pianiste de Saint Louis marqua alors un temps d’arrêt, puis il lança : “Boo Boo, nous enregistrerons demain !”. Une fois sur place avec toute l’équipe, cela s’est déroulé admirablement bien. Bob est un musicien talentueux, il connait mon style, avec lui c’est sans souci. Peu importe la clé musicale sur laquelle je souhaite démarrer, son jeu au clavier est toujours en accord avec mes compositions. »

De gauche à droite : John Gerritse, Boo Boo Davis, Jan Mittendorp. Photo © Bart Drolenga (courtesy of Jan Mittendorp).

Les belles années Black & Tan Records

Si la carrière de Boo Boo s’est ancrée à Saint-Louis, il ne faut pas omettre ses multiples tournées européennes sous l’égide du musicien hollandais Jan Mittendorp qui dirige en parallèle le label Black & Tan Records bien connu des amateurs. On ne compte plus les multiples apparitions de Boo Boo dans divers festivals comme ceux prestigieux de Montreux, du North Sea Jazz Festival, Juan-Les-Pins ainsi que dans de nombreux événements francophones. Le label Black & Tan a enregistré une formidable série de superbes albums, tous mettent magnifiquement en valeur les qualités du batteur-harmoniciste. C’est grâce à un enregistrement que Jan Mittendorp découvrit les qualités de Boo Boo Davis. Il se fit alors un devoir d’entrer en contact avec lui afin de lui proposer de travailler ensemble. Ce fut alors le début d’une formidable aventure. Leur première rencontre en 1997 se déroula lors d’un festival. Une solide amitié se forgea entre les deux hommes avec, à la clé, des sessions qui ont su capturer l’âme du natif de Drew, Mississippi.

L’aventure Blue Lotus Records

Boo Boo avale une gorgée de café, Adrianna Marie en profite pour apporter quelques précisions sur leur rencontre avec ce dernier : « En fait, avec L.A. Jones, tout comme Chris Millar, nous sommes originaires de Californie et nous avons déménagé pour vivre dans la région de Saint Louis. Un ami que nous avons en commun a téléphoné à L.A. pour lui dire qu’à ses yeux l’un des meilleurs batteurs de Blues avait quitté Fresno et résidait désormais lui aussi dans notre secteur. Il fallait d’après lui qu’on le rencontre à tout prix. Nous sommes entrés en contact. Très rapidement, Chris nous a dit qu’il connaissait Boo Boo et qu’il l’avait produit pour le compte du label Fedora. Nous sommes allés voir le dans un club, puis nous avons commencé à jouer tous ensemble. À chaque fois, nous trouvions les performances de Boo Boo vraiment incroyables.

De gauche à droite : L.A. Jones, Boo Boo Davis, Adrianna Marie, Chris Millar. Photo DR (courtesy of Blue Lotus Records).

Entrer en studio est alors vite devenu une évidence. La session fut fantastique à faire ». Boo Boo précise, avec un œil malicieux : « Si tu es un bon musicien, tu n’as pas besoin de répéter ! » Chris apporte quelques précisions supplémentaires : « Nous avons mis tous les titres en boîte en une seule nuit, c’était, je m’en souviens, Halloween ! Pour enregistrer, nous étions tous ensemble. Nous n’avons pas fait de prises séparées pour chaque musicien. L’ingénieur du son avait conçu une cabine pour Boo Boo qu’il avait installée au centre du studio. Si bien que, par exemple, lorsqu’il interprétait le morceau intitulé Little House By Myself, je le voyais en face de moi, totalement impliqué mais aussi détendu que s’il était installé dans une petite maison en train de jouer comme il a toujours l’habitude de le faire chez lui. John May, qui s’occupe du club le BB’s à Saint Louis est aussi l’un des instigateurs de notre réunion avec mes amis. Il m’a contacté pour me suggérer de revoir à nouveau Boo Boo. Il était sûr qu’on pouvait faire quelque chose de bien tous ensemble ». « Le soir où nous avons enregistré », précise Adrianna, « c’était incroyable, Boo Boo fixait intensément Chris et vice-versa. Ce dernier alors lui lançait : “C’est bon pour toi ? On peut y aller ? Allez, prise numéro 1, c’est parti !”. « Nous n’avions pas répété une seule fois ! », poursuit Adriana, « de toute façon Boo Boo jugeait que c’était totalement inutile. L’alchimie entre nous nous fut néanmoins totale, nous savions tous à l’avance qu’avec Boo Boo, nous allions graver de superbes titres ».

De gauche à droite : Chris Millar, Boo Boo Davis, Adrianna Marie, L.A. Jones. Photo DR (courtesy of Blue Lotus Records).

L’univers de Boo Boo Davis

« Je chante principalement sur des événements bons ou mauvais qui me sont arrivés, ou sur des moments ou des choses que je souhaiterais voir se réaliser. J’ai de la patience, le temps n’est rien, il est juste à côté de nous au coin de la rue, tout peut arriver dans la vie ! La composition Boo Boo Boogaloo qui figure sur mon dernier album est un hymne à la vie. Alors que nous sommes entourés au quotidien par la haine, il faut à mon avis mettre en avant l’amour de son prochain, c’est pour moi une ardente priorité.

Le titre I Got The Crying Blues, je l’ai composé à un moment où je passais des moments difficiles. Ce feeling, ce Blues qui colle à ma peau, j’essaie de le faire partager au public qui vient à ma rencontre, il ne faut pas tricher avec lui. Je ne sais pas si ce soir je vais chanter I Got The Crying Blues, car peut-être que je vais me mettre à pleurer. Si je décide malgré tout de l’interpréter et que je surmonte mon émotion, intérieurement les mauvais souvenirs vont remonter à la surface. Je ne triche jamais. Si tu ne ressens pas ta musique, ce n’est pas la peine de monter sur scène, tu perds ton temps. Mon père me disait toujours : “Quand tu quittes la maison pour aller boire toute la nuit ou faire je ne sais quoi, pense en priorité à ta musique et à la faire partager, c’est la seule chose qui compte ! Alors ne gâche pas le don que tu possèdes dans des bêtises qui vont te perdre ! ”. »

De gauche à droite : L.A. Jones et Boo Boo Davis, Eastside Kings Festival, Austin, Texas, septembre 2023. Photo © Gene Tomko

Laissons à Boo Boo le soin de conclure : « Mes chansons sont le reflet de ma vie qui est entièrement dédiée à la musique. J’ai connu de mauvais moments, notamment lorsque je vivais dans le Sud. Drew était une région fertile, j’ai commencé à ramasser le coton à l’âge de 5 ans, je n’avais pas le choix. La musique a bercé toute mon enfance grâce à mon père, mais aussi toute ma famille, elle m’a offert pour ainsi dire comme une seconde chance pour m’en sortir. J’ai pu ainsi réaliser tout au long de mon existence et jusqu’à aujourd’hui ce que je souhaitais le plus, jouer et chanter le Blues. »


par Jean-Luc Vabres
avec la complicité de Gilbert Guyonnet
Remerciement à Adrianna Marie, Chris Millar, L.A. Jones, Blue Lotus Recordings (www.bluelotusrecordings.com), Eddie Stout et Jan Mittendorp (www.blackandtanrecords.nl)