Laretha Weathersby

Laretha Weathersby, La Coop de Mai, Clermont-Ferrand, 28 novembre 2017. Photo © Yann Cabello

• La 43ème édition du Chicago Blues Festival tour accueillait cette année en tête d’affiche deux guitaristes et chanteurs reconnus, Rico McFarland et Carl Weathersby, mais aussi la cousine par alliance de ce dernier, Laretha Weathersby. L’occasion de faire connaissance avec cette chanteuse de Chicago, que nous découvrions lors d’une sympathique rencontre à La Coop de Mai, Clermont-Ferrand, ce 28 novembre 2017.

Laretha, nous vous connaissons mal, ici, en France. Qui êtes-vous ?
« Je suis Laretha Weathersby, une des Princesses du blues ! À Chicago, on vous dira qu’il y a plusieurs “Princesses du blues”. Mais moi, je suis la véritable. Je suis une chanteuse passionnée qui tient toujours à offrir le meilleur d’elle-même et qui aime donner du plaisir à son auditoire. Vous savez, j’aime les gens et le public par-dessus tout. »

Comment avez-vous débuté votre carrière ?
« J’ai cinquante-six ans et il y a plus de trente ans que je chante dans les clubs de Chicago. Mais j’ai débuté à l’église dès l’age de six ans. Ma mère chantait dans le chœur et elle m’a poussé à faire de même en me récompensant quand je chantais bien. À la maison, j’avais mes sœurs et mes frères, tous plus agés que moi, qui me faisaient écouter du blues et de la soul. Ils me disaient : « Tu chantes très bien à l’église, mais essaie de chanter ça ; c’est ça qui marche dans les clubs si tu veux être connue un jour ». Et j’avoue que ça me plaisait bien ! Alors, je me suis mise à chanter dans les fêtes de quartier et de l’école. Et, un jour, j’ai reçu un coup de fil. C’était le manager du Kingston Mines, le célèbre club de Chicago : « Laretha, qu’est-ce que tu fais ce soir ? Viens à 21 heures, tu pourras chanter ». J’y suis allée, morte de peur, mais ça s’est bien passé et on m’a rappelée souvent. Depuis ce jour, je ne cherche pas de dates, je n’ai pas d’agent, j’attends qu’on m’appelle et ça fonctionne. Je fais à peu près dix shows par mois dans des clubs comme Kingston Mines ou le Blue Chicago, et j’accepte toutes les propositions. Je n’ai jamais dit « non », bien que j’ai eu un autre métier pendant très longtemps, je distribuais le courrier… »

De gauche à droite : devant, Jeremiah Tomas (dms), Laretha Weathersby (vo), Timothy Lee Waites (b) ; derrière, Ronald Moten (keys), Rico McFarland (g, vo), Carl Weathersby (g, vo). Photo © Yann Cabello

Carl Weathersby est votre cousin, je crois. Vous a-t-il influencé ?
« J’ai épousé un cousin de Carl et depuis Carl est comme un grand frère. Il me donne des conseils pour gérer ma carrière, ma façon de me comporter avec les gens, avec le public, et ce qu’il faut surtout ne pas faire. Sur le plan musical, il sait que j’ai mon caractère et que je sais ce que je veux, alors il ne s’en occupe pas trop, mais il est toujours là si j’ai besoin de lui. Il m’a permis de connaître beaucoup d’autres musiciens comme Billy Branch, J.W. Williams et les gens de Mississippi Heat, entre autres. Ma principale influence a été ma mère, comme je l’ai dit. Elle m’a fait prendre des cours de piano et m’a communiqué sa passion pour le gospel et le chant. Le blues, la soul et le gospel, c’est la même chose. Il n’y a que les mots qui changent. Koko Taylor a aussi été une influence majeure, elle m’a permis de chanter avec elle sur scène et m’a donné de bons conseils. »

Laretha et Carl Weathersby, La Coop de Mai, Clermont-Ferrand, 28 novembre 2017. Photo © Marcel Bénédit

Et aujourd’hui, où en êtes-vous ?
« J’ai gravé mon premier album, « Dance The Blues Away », qui a obtenu de bonnes critiques et m’a donné mon surnom de “Princess of the Blues”, qui est un des titres de l’album qui marche le mieux. Nous avons commencé l’enregistrement d’un second album sur un label que j’ai fondé avec ma fille et une amie et nous avons l’intention d’enregistrer d’autres artistes pour en faire un label d’envergure :  Chicago Blues Alliance. Ma fille me soutient, elle s’occupe de la pub, d’internet, des relations avec la presse et les autres acteurs du monde du blues, des contacts à l’étranger. Elle fait un énorme boulot, elle va venir me voir à Paris au Méridien. Vous entendrez parler de Chicago Blues Alliance, ce sera un nouveau Chess Records ! Nous essaierons de trouver des fonds pour aider des musiciens âgés ou malchanceux. En outre, cette tournée est une excellente chose, bien que l’on passe beaucoup de temps en voiture et qu’il y ait peu de temps pour se reposer. Je travaille dur, mais j’aime aussi me reposer « dur » (hard rest) !


Par Marin Poumérol
Remerciements à Didier Veillaut et toute l’équipe de La Coop de Mai, Guillaume Tricard et Guillaume Fontenille (Jazz Me Blue Concerts)