La preuve par 4 et plus encore…
Newvelle Records
The New Orleans Collection
Irma Thomas : « Love Is The Fondation » – NVN001
Little Freddy King : « Going Upstairs » – NVN002
Jon Cleary : « So Well » – NVN003
Ellis Marsalis with Jason Marsalis : « For All We Know » – NVN004
Four new recordings by New Orleans Music Legends
Exclusively on vinyl
Producer – Ben Chace
Recorded by Misha Kachkachishvili at Esplanade Studio
Mixed by Marc Urselli
Mastered by Alex DeTurk
Executive Producers – John Caulkins, Elan Mehler, Jean-Christophe Morisseau
Limited Edition (1000 copies)
www.newvelle-records.com
• Avec Newvelle Records, on est projeté dans un autre monde. Une impression de paradis perdu, d’exigence artistique discrètement surannée. Il y a là comme une envie de retour à une époque « proto ole- free » avec grand studio à son ample et majestueux…
La beauté de l’acoustique du studio Esplanade n’a pas besoin d’artifice ou d’effet de manche pour devenir le meilleur allié d’une voix dont on pourra détailler au mieux tous les méandres. Lovée dans un écrin à la sobriété d’ascèse, le souffle souvent octogénaire dégage une impression d’immortalité minérale et de fraîcheur burinée. Un coin de verdure où les fleurs n’en finiraient plus de s’épanouir…
Entendre Irma Thomas dans de telles conditions a quelque chose de profondément bouleversant. La grâce aboutie de l’enregistrement est un tremplin extraordinaire pour une chanteuse aux qualités vocales intactes. La façon dont elle s’empare du Don’t Go To Strangers de J.J. Cale (différent du titre éponyme d’Etta Jones) est symptomatique de cette impression de « vieille juvénilité » qu’exhale l’ensemble. Le soutien musical est superlatif, avec mentions particulières au jeune clavier du Preservation Hall – Kyle Roussel –, et au percussionniste de Professor Longhair – Uganda Roberts –, décédé peu de temps après l’enregistrement.
On retrouve l’extraordinaire batteur John Vidacovich avec son alter ego, le contrebassiste James Singleton, pour soutenir le chanteur pianiste Jon Cleary. Idée particulièrement judicieuse qui permet à l’“Englishman in New Orleans” de transcender son carré créatif habituel pour décliner quelques grands classiques locaux. On passe ainsi du Lottie Mo de Lee Dorsey au Tu-Ber-Cu-Lucas and The Sinus Blues (détournement du Rockin Pneumonia and The Boogie Flu) de Huey “Piano” Smith, pour finir par s’épanouir définitivement sur l’imparable So Well When You’re Well de James Booker. Ça et là, le sax du trop rare James Rivers pointe son anche. Ajout judicieux pour trio superlatif.
« Dans le Blues, il y a ceux qui aiment Jimmy Reed et il y a les autres… » On ne pourrait pas rêver meilleur illustration du vieil adage que cet enregistrement de Little Freddy King. Un condensé de compositions personnelles épurées, dégraissées de rythmique envahissante, qui se finit par une prise live du Going Upstairs de John Lee Hooker ; il y avait longtemps – peut être depuis les faces Orleans – que ce blueman rare n’avait produit un tel album. Souvent livré au seul soutien de sa guitare, Little Freddy King gratte ici le fond du temps dans une ambiance Mississippi rase-motte portée une fois encore par ce son aéré qui doit visiblement beaucoup à l’ingénieur du son Mischa Kachkachishvili.
For All We Know pourrait passer pour un titre de disque quasi testamentaire. Ellis – le patriarche de la famille Marsalis – disparaissant peu de temps après cet enregistrement. Ici, tout est feutré et délicat, à l’image de la personnalité de ce grand pianiste initiateur et inspirateur de nombreuses carrières musicales. Le toucher du clavier y est parfaitement restitué. Une impression de fleur de peau ciselée qui sait trouver le mot juste à l’instant. Sur Discipline Meet The Family, la fin du dialogue avec le vibraphone de Jason (le fils) et avec les percussions de Marley (le petit-fils), résonne comme un point d’orgue triste et troublant ; une fin de parcours à l’inéluctabilité sereine et assumée.
Par Stéphane Colin