50th anniversary !
• Si l’on m’avait dit il y a quelques semaines, après ces mois marqués par l’impossibilité de voyager pour cause de Covid, que je serais aux États-Unis devant tous ces talentueux artistes et que je pourrais ressortir mon appareil photo : je ne l’aurais pas cru ! Memphis, Clarksdale, New Orleans et Chicago, ça faisait tellement longtemps… Quel bonheur d’y retrouver des amis, des artistes et d’enfin pouvoir revivre un concert, de danser sur une musique qui m’exalte et m’a tant manqué. Je devais rester un mois, mais Chicago a eu raison de moi… Le 23 octobre, j’ai eu la chance d’être invitée à célébrer les 50 ans d’Alligator Records au Al Larson Prairie Center For The Arts à Chicago…
Cette soirée, consacrée au Label fondé en 1971 par Bruce Iglauer – visionnaire dans le domaine musical, toujours à la recherche de la perle rare et de nouveaux talents – tint toute ses promesses. Connu notamment pour avoir lancé la carrière de Hound Dog Taylor & The HouseRockers en 1971, Iglauer tient toujours les rênes du label chicagoan et continue à produire chaque année des artistes tels que récemment Shemekia Copeland, Christone “Kingfish” Ingram, Curtis Salgado, Elvin Bishop et Charlie Musselwhite (pour n’en citer que quelques-uns). Je ne vous cache pas que de rencontrer cet homme qui a enregistré et continue à côtoyer tous ces artistes dont les albums figurent dans ma collection, m’a impressionné. Et « last but not least », recevoir de ses mains la compilation « 50 Years Of Genuine Houserockin’ Music », fut un honneur ; cette anthologie de 3 CD nous fait voyager dans le temps avec des artistes tels que Koko Taylor, Albert Collins, Luther Allison, Lonnie Brooks et beaucoup d’autres.
Trois des artistes les plus acclamés du Label ont répondu présent : Nick Moss Band, Toronzo Cannon et Billy Branch and The Sons Of Blues. J’ai pu assister au sound check, partager un sip de Cognac avec Billy Branch et vivre de beaux moments, dont le récit de quelques folles histoires que Bruce a partagées avec nous.
Nick Moss Band, fut le premier groupe à se produire devant une salle comble, avec Rodrigo Mantovani à la basse, Patrick Seals à la batterie, Taylor Streiff aux claviers et – tout droit venu de New Orleans pour ce concert – Jason Ricci à l’harmonica. Moss a rejoint la famille Alligator en 2018 avec l’album « The High Cost Of Low Living », accompagné par Dennis Gruenling à l’harmonica. En 2019, « Lucky Guy » a reçu trois prix, dont celui du « Meilleur album Blues traditionnel de l’année ». Sur scène, des riffs de guitares endiablés et passionnés, du Blues à l’état pur et un public conquis.
Toronzo Cannon, récemment retraité, s’inspire de son vécu, de ses expériences de chauffeur de bus à Chicago, mais pas que ! La politique, les événements et réalités de la vie telles que les violences, sont aussi au cœur de ses préoccupations et de ses textes. Au-delà de son excellent jeu de guitare et de sa voix, les paroles de ses chansons font qu’il se démarque. Heureuse de redécouvrir sur scène sa voix soul et son humour bien tranché, il nous offre pendant une heure – revêtu des couleurs du drapeau de l’Illinois durant le concert – les chansons de l’album sorti en 2019 chez Alligator Records, « The Preacher, The Politician Or The Pimp ». Avec Carlton Armstrong et son groove légendaire à la basse, Adam Pryor aux claviers et Melvin “Pooky Stix” Carlisle à la batterie, le concert fut excellent.
À l’occasion de ses 70 printemps, le mois d’octobre a été consacré au grand artiste Billy Branch, un harmoniciste d’une grande générosité et d’un talent incroyable. Branch a été découvert par Willie Dixon et a remporté de nombreux prix. Il a – entre autres nombreux albums – enregistré « Roots And Branches, The Songs Of Little Walter » en honneur à Little Walter sur Alligator Records et nous a offert quelques-uns de ces titres lors de cette soirée. Accompagné de ses talentueux musiciens, Andrew “Blaze” Thomas à la batterie, Giles Corey (qui a rejoint les Sons Of Blues en 1997) à la guitare, Sumito Ariyoshi aux claviers et Marvin Little à la basse, ce moment fut de grande intensité. J’aime beaucoup écouter Billy Branch & The Sons Of Blues sur scène car, outre les talents de musiciens, ce sont de vrais showmen qui prennent plaisir à partager leur musique live ; les interactions avec le public sont nombreuses, ça transpire le Blues !
Le clou du spectacle fut marqué par les trois groupes réunis sur scène pour interpréter Got My Mojo Working. Une standing ovation ainsi qu’un parterre dansant pour clôturer ces quelques heures magiques resteront gravés dans les mémoires !
Par Lola Reynaerts
Remerciements à Bruce Iglauer et à son équipe (www.alligator.com), ainsi qu’aux artistes pour leur accueil chaleureux.