Chroniques #91

• L’actualité des disques, livres et films traitant de blues, soul, gospel, r’n’b, zydeco et autres musiques afro-américaines qui nous touchent, vue par ABS Magazine Online…

Kirk Fletcher

Keep On Pushing

Vizztone Records CDVTKF01 – www.vizztone.com

Avec cette nouvelle session, Kirk Fletcher nous livre un disque qui est une authentique déclaration d’amour au douze mesures, mais également un message de résilience, suite à ses gros ennuis de santé survenus en juillet 2023 au cours d’un concert au Tennessee Eastside Bowl. Co-produit avec JD Simo, le disque mêle de superbes reprises reprises (Big Bill Broonzy, Arthur Crudup, Ruth Brown, Percy Mayfield…) à l’image du très réussi Think Twice Before You Speak, mais aussi d’excellentes compositions originales, dont l’instrumental Croke ou encore le sombre et poignant Here In The Dark. Ses solos de guitares, limpides et affutés, nous rappellent avec force et émotion que nous avons à faire ici à un artiste majeur doté d’une classe folle. Voici un album dense, élégant et indispensable, qui est à placer d’emblée parmi les grands crus de votre discothèque. – Jean-Luc Vabres


Le 15 août dernier, le label Strolling Bones Records publiait deux disques enregistrés au Royal Studio de Memphis, produits par Boo Mitchell, le petit-fils du légendaire Willie Mitchell. « It’s My Time Now » est l’œuvre du plus jeune fils de RL Burnside ; « Hill Country Blood » celle de son neveu Kent Burnside, petit-fils de RL Burnside. Ce qui justifie une chronique conjointe de ces deux excellents disques.

Garry Burnside 

It’s My Time Now

Strolling Bones Records SB20 CD – strollingbonerecords.com

Dès le berceau, Garry Burnside a été élevé au cœur du Hill Country Blues. Formé par son père, il fut le bassiste et occasionnel guitariste de Junior Kimbrough. Il est présent sur tous les disques Fat Possum de celui-ci. Puis il a collaboré avec les North Mississippi Allstars, son frère Duwayne, son neveu Cedric, Jessie Mae Hemphill et Bobby Rush. Avec le temps il a introduit d’autres éléments à sa musique, tels le rock et la soul. Enregistré il y a cinq ans, « It’s My Time » est son premier disque. Bien sûr, RL Burnside et Junior Kimbrough ne sont jamais loin. Mais Garry Burnside réalise un disque personnel. Il a composé neuf titres originaux ; Ramblin’ a été co-écrit avec Junior Kimbrough et l’excellent instrumental Bad Luck City est dû à son père. Il n’est pas un chanteur exceptionnel. Plus intéressant est son jeu de guitare, en particulier son approche rythmique typiquement Hill Country auquel il a incorporé le funk et le rock avec parfois trop de pédale wah wah à mon goût (cf Young Country Boy). Gary Burnside reçoit le soutien d’Andrea Stanton à la guitare rythmique, du bassiste Pinky Pullman et du batteur Avery Dillworth. De l’ouverture avec l’instrumental funky High jusqu’à la longue conclusion Gary’s Night Out, l’attention de l’auditeur ne baisse jamais.

Kent Burnside

Hill Country Blood

Strolling Bones Records SB56 CD – strollingbonerecords.com

Kent Burnside, né à Memphis en 1971, a passé les premières années de sa vie à Holly Springs, Mississippi. C’est bien sûr avec son grand-père qu’il a appris le Blues. Il a la même formation que son oncle Garry. Aux sonorités du Hill Country Blues qu’il maîtrise à la perfection, il ajouté les influences de Buddy Guy. Il n’est pas musicien à plein temps. Après des études de management à l’Université, il s’est installé à Des Moines, Iowa, où il dirige une petite entreprise. Cela explique probablement pourquoi nous ne découvrons que son second disque. Le premier, l’excellent « My World Is So Cold », parut en 2013 (Lucky 13 Recordings 0113). Douze années de patience avant de retrouver ce remarquable artiste sur disque. Kent Burnside a composé huit excellentes chansons et il donne une inventive et incroyablement bonne interprétation du classique de John Lee Hooker, Crawling King Snake. Le meilleur titre du disque, à mon humble avis, est sa reprise de You Better Run de Junior Kimbrough. Pour réaliser ce nouveau projet, Kent Burnside s’est entouré de son oncle Gary qui joue de la basse qu’il troque pour une guitare acoustique sur la superbe ballade I Miss You qui conclut le disque, le batteur Jake Best et, sur quatre titres, l’harmoniciste Damian Pearson (Yella P) du duo Memphissippi. Daddy Told Me, I Heard, I Go Crazy une de mes chansons préférées de ce CD aux riffs proches de I Can’t Quit You Baby, One More Chance, Rob and Steal vous trotteront longtemps dans la tête. Le jeu de guitare de Kent Burnside est percutant, sobre, inventif ; son chant me fait penser à un mélange de George Benson et Robert Cray.  – Gilbert Guyonnet


Yates McKendree

Need to Know

Qualified Records 2025 – www.qualifiedrecords.com/yates

Le premier album de Yates McKendree, « Buchanan Lane », paru en 2022, fut largement salué par la presse spécialisée et à juste titre, étant notamment nominé pour deux Blues Music Awards. Yates McKendree avait ensuite fait la une de BluesBlast magazine en mars 2023. Ce nouvel album, « Need to Know », sorti en juillet 2025, ne fait que confirmer le talent et la large palette de ce jeune guitariste/pianiste/chanteur/songwriter de Nashville. Le nom de McKendree vous dit sans doute quelque chose. Le jeune surdoué Yates McKendree ne sort pas de nulle part, il a grandi dans les studios d’enregistrement et au contact de grands musiciens mondialement connus et reconnus. Car son père n’est autre que Kevin McKendree qui fut le pianiste de Delbert McClinton pendant quatorze ans (avec qui il a partagé quelques grammy awards) et qui a aussi enregistré avec Brian Setzer, Tinsley Ellis, George Thorogood et Anson Funderburgh. Sur ce nouvel album comprenant treize titres dont cinq compositions ou co-compositions (avec l’aide de Gary Nicholson à l’écriture sur trois titres), le groupe de base se compose de son père Kevin McKendree au piano et orgue hammond, Robert Frahm à guitare rythmique, Steve Mackey à la basse et Griffin Photoglou ou George Sluppick à la batterie. Il s’y ajoute une section de cuivres sur le titre I Don’t Care composée de Jim Hoke aux saxophones ténor et baryton, Steve Herrman à la trompette et John Hinchey au trombone plus quelques invités comme Sean “Mack” McDonald (chant) sur le titre I Wanna Go Home, assez dépouillé pour mettre en avant les voix des deux chanteurs Yates McKendree et Sean “Mack” McDonald. De son côté, Yates McKendree assure le chant et la guitare sur l’ensemble des titres, mais ce multi-instrumentiste joue aussi de la basse, de la contrebasse, de la batterie ou de l’orgue Hammond sur certains morceaux ! Il s’en sort magistralement, réalisant un disque varié (tantôt soul blues, tantôt jazzy voire churchy), intemporel, fait à l’ancienne. Les influences sont multiples – il cite notamment T. Bone Walker et Otis Rush – il reprend ici des titres de Willie Dixon et Magic Sam, tout est parfaitement assimilé, feeling et virtuosité se mélangent et je suis épaté qu’on puisse dégager une telle maturité à un si jeune âge, c’est impressionnant ! Au final, il excelle autant au chant qu’à la guitare, me rappelant par moment le regretté Sean Costello. Seul bémol, je ne suis vraiment pas fan du titre instrumental dispensable dominé par les percussions, Tide, qui conclut l’album. Il nous reste à patienter que les programmateurs fassent venir Yates McKendree en France. En attendant, vous pouvez toujours aller à Nashville où il anime, avec son père, le Blue Monday du fameux Bluebird Cafe… – Jocelyn Richez


Van Morrison

Remembering Now

UPC : 4003445666

Le 31 août dernier, Van Morrison a eu 80 ans. Sans plus de nostalgie. Il ne veut désormais se souvenir que du présent. Pour marquer cet anniversaire, il livre un premier album de chansons originales depuis trois ans, soutenu par le groupe qui l’accompagne depuis 2019, et lui-même au saxophone. Ses lignes mélodiques n’ont pas changé depuis un demi-siècle et sont pourtant toujours fraîches et nouvelles grâce à la magie des mots, de l’interprétation, des arrangements, de l’improvisation, de la sensibilité de l’instant. Appelez ça comme vous voulez, soul, jazz, folk, blues, blues, irlandais de taverne, la musique de Van Morrison est sanctuarisée. Pour l’aimer, il faut accepter d’entrer dans un espace temps qu’aucun élément séculier ne viendra parasiter. Down To Joy semble tout recommencer comme au premier jour. Sans Ray Charles, rien n’aurait été possible. Les instants de bonheur passent, Van Morrison pose une question douloureuse : ai-je perdu mes capacités d’émerveillement ? Des chansons plus rythmées, Cutting Corners, Back to Writing Love Songs, nous conduisent à Stomping Ground, Memories and Visions, deux des moments les plus émouvants et lyriques de l’album (les plus forts ?), puis viennent des moments d’apaisement : When the Rains Came, Stretching Out, entourant la confession inquiète de Remembering Now. Magistral. – Dominique Lagarde


Roomful of Blues

Steppin’ Out !

Alligator Records ALCD 5028 – www.alligator.com

La mode n’apparaît que pour disparaître. Son trait caractéristique est qu’elle se démode avec autant de hâte qu’elle en avait mis à s’imposer. Le classieux orchestre de jump, swing et blues Roomful of Blues s’est tenu en dehors des divers mouvements de la modernité. Née en 1967 à Rhode Island, cette formation a su rester insensible aux impérieuses sollicitations de la mode. La preuve en est qu’elle existe encore après plus de cinquante- cinq ans d’activité malgré les divers changements de personnel. Aucune tentation chez ces musiciens d’être modernes et donc aucun risque de devenir tout à coup démodés. Arrive chez Alligator le dix-neuvième disque de Roomful of Blues, « Steppin’ Out ! », et le septième pour la firme de disques de Chicago depuis 2003. En outre, passe un souffle nouveau. Pour la première fois de son histoire, Roomful of Blues a engagé une remarquable chanteuse inconnue, DD Bastos. La formation actuelle, menée par l’excellent guitariste et producteur Chris Vachon – qui intégra l’orchestre en 1990 – et le saxophoniste Rich Lataille – qui en dirige la section de cuivres depuis 1970 –, a embarqué sa nouvelle chanteuse dans un répertoire constitué de chansons Blues et Rhythm & Blues pas toujours très connues. DD Bastos interprète avec talent et conviction Satisfied de Billy the Kid Emerson, You Were Wrong de Z.Z. Hill, Steppin’ Up In Class de Jimmy McCracklin, Slippin’ and Slidin’ d’Eddie Bo, Well Oh Well de Tiny Bradshaw, You Don’t Move Me No More de Big Mama Thornton, Good Rockin’ Daddy composition de Richard Berry popularisée par Etta James, Tend Your Own Business de Dave Bartholomew, Why Don’t Cha Stop It d’Ella et Buddy Johnson, Dirty People de Smiley Lewis, I’ve Got A Feelin’ et Tell Me Who qu’interprétait Big Maybelle. Chacune des interventions du guitariste Chris Vachon est marquée du sceau du talent. Il en est de même pour Rich Lataille avec ses saxophones alto et ténor. Le jeu de basse électrique et contre-basse de John Turner est solide. Le pianiste et organiste Jeff Ceasrine, collaborateur intermittent depuis 2008, est impeccable. Le batteur Mike Coffey est efficace et sobre. Chacune des interventions du trompettiste Christopher Pratt et du saxophoniste Craig Thomas est remarquable. De ce cd se dégage une atmosphère particulièrement dédiée à la danse. Tout amateur de Jump Blues, Swing et Blues se doit de tendre l’oreille à ce disque hors-mode. – Gilbert Guyonnet


Willie Buck & Bob Corritore

Oh Yeah !

SWMAF 29 – www.bobcorritore.com

Sorti en juin dernier, cet album s’inscrit dans la série « From the Vaults » de Bob Corritore, une collection d’enregistrements remarquables capturées et soigneusement archivées par l’harmoniciste, afin de mettre en valeur les grands du blues qu’il a côtoyés tout au long de sa carrière. Les deux amis se connaissent depuis de nombreuses années, Willie Buck avait d’ailleurs invité Corritore à rejoindre son groupe à Chicago au milieu des années 70, et depuis, ils n’ont cessé de collaborer. Enregistrée entre 2021 et 2023 avec une véritable équipe de rêve comprenant Bob Margolin, Billy Flynn, Jimi “Primetime” Smith, Ben Levin, ou encore Bob Stroger, cette session est une réussite de bout en bout. Le répertoire alterne compositions originales à l’image de That Ain’t Enough, Brand New Cell Phone, ou encore Me and My Baby, et reprises inspirées de standards appartenant à Bo Diddley (Oh Yeah !), Muddy Waters (She’s Alright) ou encore Big Joe Williams (Baby Please Don’t Go). Chaque titre respire le son de la Windy City, la voix de Buck, toujours habitée malgré le poids des ans, se mêle à l’harmonica incisif de Corritore, qui maitrise son art à la perfection. Oh Yeah! est plus qu’un album : c’est un formidable témoignage. On y entend l’écho des grands maîtres, mais aussi la preuve que le Chicago Blues, dans les mains de ses héritiers, reste une force vive, qui n’a pas fini de nous émouvoir. Une fois encore, Bob Corritore impressionne, en puisant dans ses précieuses archives, il signe une série qui, avec éclat et sincérité, témoigne de sa passion inépuisable qui le pousse à faire vivre le Blues.Vivement recommandé. – Jean-Luc Vabres


Raphael Wressnig

Committed !

ZYX Music – www.zyxmusic.com

« Committed » évoque l’engagement, parfois jusqu’à l’obsession… Image avouée du lien qu’entretient l’organiste Raphael Wressnig à son Hammond B3. Outre ses récentes collaborations très réussies sur disque ou sur scène (Igor Prado ou Alex Schultz), Raphael sait aussi tenir la vedette en trio, aussi bien accompagné qu’il peut l’être par Enrico Crivellaro à la guitare (avec lequel il joue depuis vingt-cinq ans) et Hans-Jürgen Bart aux drums (depuis plusieurs années) ; parler de complicité dans leur cas est un doux euphémisme. Ce disque est une nouvelle fois un mélange habile de soul, de jazz et de funk, avec une dose de blues, notamment lorsque la main gauche lorgne du côté de Jimmy McGriff ou de Jack McDuff. « Committed » est un album essentiellement instrumental, avec une majorité de compositions de Raphael Wressnig, seulement deux reprises (Duffin’ ‘Round de David Newman Jr. qui ouvre l’album et Pilgrimage de Lonnie Smith) et l’arrangement par Raphael du traditionnel I Shall Not Be Moved. L’excellent Nasty, co-écrit avec James Gadson et Alex Schultz, est un moment fort du disque, mais tout cet enregistrement (neuf morceaux au total) est une véritable ode intense et passionnée à l’orgue Hammond B3. Si le mot « groove » a un sens, c’est bien ici qu’il le trouve. – Un superbe album (formats CD ou LP) dont on ne se lasse pas. Marcel Bénédit 


Maria Muldaur

One Hour Mama : The Blues of Victoria Spivey

Nola Blue Records NB1044 – www.nola-blue.com

Au début des années 1960, la chanteuse Victoria Spivey, installée à New York, avait une déjà longue carrière derrière elle. Texane d’origine, elle avait connu un vrai succès en 1926 avec Black Snake Blues, une composition personnelle. Ainsi travailla-t-elle avec Louis Armstrong, Lonnie Johnson, … Elle fut aussi actrice et se produisit à Broadway. En 1961, elle co-fonda, avec son mari Len Kunstadt, Spivey Records. Elle parraina alors John Hammond, Paul Oscher, Bob Dylan dont l’amitié resta indéfectible jusqu’à la mort de celle-ci, et une encore adolescente baptisée Maria D’Amato qui devint l’artiste Maria Muldaur quand elle épousa le musicien folk Geoff Muldaur. Après avoir rendu hommage à Peggy Lee en 2003 (« A Woman Alone With The Blues : Remembering Peggie Lee » – Telarc CD-83568), Memphis Minnie en 2012 en compagnie d’autres chanteuses (« First Came Memphis Minnie » – Stony Plain Records SPCD1358) et l’excellente chanteuse de New Orleans, Blue Lu Barker, en 2018 (« Don’t You Feel My Leg (The Naughty Bawdy Blues of Blue Lu Barker » – Last Music Company LMCD210), Maria Muldaur s’empare du répertoire de Victoria Spivey qui prit l’adolescente sous son aile et lui apprit à chanter le Blues. La protégée honore sa tutrice avec ce « One Hour Mama : The Blues of Victoria Spivey ». Pour cela, elle a sélectionné douze chansons qui proviennent de trois séances d’enregistrement différentes. One Hour Mama, My Handy Man et TB Blues datent de 2007 ; Maria Muldaur est fort bien accompagnées par la formation du pianiste James Dapogny, le James Dapogny’s Chicago Jazz Band qui joue un jazz bluesy swingant. Enregistrés à New Orleans, à une date inconnue, Organ Grinder Blues et Funny Feathers sont le résultat d’une collaboration fructueuse et très vivante avec l’orchestre néo-orléanais de jazz et swing traditionnel, Tuba Skinny, dont le pianiste est David Torkanowsky. Les sept autres chansons ont probablement été enregistrées en 2024. Maria Muldaur est soutenue par le quintet du pianiste Neil Fontano. Danny Caron en est le remarquable guitariste. Ce dernier travailla avec Charles Brown, Clifton Chenier, John Lee Hooker, Ruth Brown, Dr. John, … Deux invités de marque chantent en duo avec Maria Muldaur : Elvin Bishop sur What Makes You Act Like That ? et Taj Mahal sur Gotta Have What It Takes. Maria Muldaur signe là un puissant et vibrant hommage à une grande et généreuse dame de la culture afro-américaine du XXe siècle qui contribua au lancement des carrières de jeunes artistes de Blues et Folk. – Gilbert Guyonnet


Mike Andersen

All Out Of Love

Custom Records

Chanteur et guitariste danois, Mike Andersen compte six albums à son actif depuis 2012, sous son nom seul, auxquels il faut en ajouter trois précédents, depuis le début des années 2000, à l’enseigne du Mike Andersen Band. Pétri de blues, de folk, de soul, de rock’n’roll,  il aiguise ici ses talents de songwriter, au fil de dix titres originaux. Sa voix flexible porte All Out Of Love, entre parole et chant, sur fond de piano, avant que guitare et choeurs viennent se greffer à l’unisson. Don’t Waste Your Time, aux couleurs années 80, adopte un rythme plus élevé. Only For You retrouve une voie unplugged. Il y a quelque chose d’Americana au royaume du Danemark. Mais l’enrobage est encore trop propre et prévisible. Le rock FM existe t-il encore ? Si oui, Mike Andersen viserait les charts pop que cela ne nous étonnerait pas.Dominique Lagarde


Christopher Wyse & The Tellers

Live in Clarksdale

Big Radio Records

Originaire de l’Indiana, Christopher Wyse est un harmoniciste, auteur compositeur et interprète. Pendant vingt ans, il a repris les grands standards du blues. Mais en 2024, il enregistre son premier disque Stuck in the Mud avec treize titres de sa composition. Ce CD remporte un grand succès avec de nombreux prix. Voici le deuxième disque de Christopher réalisé à Clarksdale, en live dans la célèbre salle de concerts et d’enregistrement, le Juke Joint Chapel. Cette scène a déjà eu des dizaines de concerts dont ceux de Charlie Musselwhite, John Mayall et Cedric Burnside. Christopher est au chant et à l’harmonica, il est accompagné par John Boyle à la guitare électrique ou à la slide, Gerry Murphy à la basse, Mark Yacovone aux claviers, Douglas Banks à la batterie et Ralph Carter et Irene Smits aux chœurs. Huit titres sont des reprises de Stuck in the Mud, leur premier disque, et il y a deux célèbres morceaux des années 20 dont How Long, How Long Blues de Leroy Carr et Scrapper Blackwell. L’autre morceau est Nobody Knows You When You’re Down and Out écrit en 1923 par Jimmie Cox et surtout connu par sa reprise en 1959 par Scrapper. Le coffret du disque comporte aussi un DVD qui reprend la vidéo du concert en direct et un film bonus de 50 minutes « Wyse in Clarksdale ». Ce documentaire nous fait découvrir cette ville, nommée souvent « l’endroit le plus blues du monde ». Que d’émotions en visitant le lieu où Robert Johnson aurait vendu son âme au diable, la gare de Tutwiler où WC Handy aurait entendu du blues pour la première fois et la tombe de Sonny Boy Williamson II. Ce film est animé et produit par Christopher Wise qui s’exprime, bien sûr, en anglais. Aucun sous-titre n’est disponible dans les langues des pays où le coffret est proposé. Malgré ce problème, le succès de ce disque de blues est assuré, surtout qu’il permet d’avoir ce concert en CD et en DVD. – Robert Moutet 


Gary Bartz & NTU

Damage Control

OYO Records 

Gary Bartz à 83 ans : toujours à l’écoute, toujours en quête, toujours en avance. À première vue, le nouvel album de Gary Bartz, « Damage Control », pourrait sembler être un projet trop lisse, presque commercial. Le choix des chansons est familier, puisé dans les répertoires de Curtis Mayfield, Anita Baker, Patti LaBelle, Debarge, et la liste des musiciens ressemble à un casting de stars du jazz. Mais cette impression s’effondre dès les premières minutes d’écoute. Il ne s’agit pas d’un disque conçu pour flatter la nostalgie ou pour vendre. C’est une prise de position : celle d’un artiste de 83 ans qui refuse de se reposer sur ses acquis, dont l’oreille reste tournée vers le présent, et dont la musique continue d’ouvrir des dialogues plutôt que de distribuer du confort. Bartz a déjà prouvé sa modernité. En 2021, le label visionnaire Jazz Is Dead lui consacrait son sixième disque, en collaboration avec Adrian Younge et Ali Shaheed Muhammad. Le projet montrait combien Bartz pouvait naviguer entre les époques, portant l’esprit du bebop et du jazz spirituel dans un langage contemporain qui séduisait une nouvelle génération. Ce disque avait alors reçu un accueil enthousiaste, de Paris à Los Angeles. Avec « Damage Control », Bartz bifurque à nouveau, cette fois vers des chansons qu’il aime jouer chez lui, quand le monde ralentit. « Ce sont des morceaux qui m’aident à me détendre », explique-t-il. « Ils me font du bien. » Mais « détente » est un mot relatif. Ces titres ne se contentent pas de flotter en arrière-plan. Sous la direction de Bartz, ils se transforment en paysages méditatifs, traversés par une curiosité harmonique et un goût constant pour l’improvisation. Les standards de la soul restent reconnaissables, mais Bartz les déconstruit, les réassemble, et en fait une matière neuve. Son saxophone, rauque, lyrique, insistant, refuse de traiter ces chansons comme des reliques intouchables. Il les aborde comme des éléments vivants. Cette liberté est sa marque depuis six décennies. Né à Baltimore en 1940, Bartz a grandi dans un contexte où le jazz était autant une forme musicale qu’un acte politique. Sa trajectoire croise toute l’histoire de la musique noire américaine d’après-guerre : le Jazz Workshop de Charles Mingus, les Jazz Messengers d’Art Blakey, des collaborations avec McCoy Tyner, Max Roach, Abbey Lincoln, et bien sûr Miles Davis. Dans les années 1970, son groupe Ntu Troop est devenu un laboratoire de jazz spirituel et politique ; ses disques avec les frères Mizell ont exploré le jazz-funk ; et, bien plus tard, les producteurs de hip-hop ont puisé dans son catalogue. A Tribe Called Quest, Warren G et 9th Wonder, entre autres, ont samplé son travail, faisant entrer son son auprès d’un public qui ignorait peut-être son nom mais reconnaissait sa signature. Son influence est immense : plus de 45 albums en tant que leader, plus de 200 en tant que sideman, et, l’an dernier, une consécration comme « Jazz Master » par le National Endowment for the Arts, l’une des plus hautes distinctions musicales aux États-Unis. On peut, sans excès, le qualifier de trésor national. Et pourtant, Bartz refuse qu’on le range dans un musée. Pour lui, la musique échappe aux étiquettes. « Ce n’est pas parce qu’un morceau passe en club qu’il doit être appelé R&B », dit-il. « La musique transcende les catégories. On ne peut pas l’expliquer. Ce sont des sons. » Mais ces sons portent un poids politique. L’art de Bartz a toujours eu une portée sociale, même quand les notes ne sont pas explicitement militantes. À la fin des années 1960, il a songé à rejoindre les Black Panthers avant de choisir son saxophone comme arme. Le titre Damage Control, emprunté au vocabulaire maritime et médical, renvoie à l’effort de maintenir un navire à flot ou de stabiliser un corps blessé. La métaphore n’a rien d’anodin. « Je ne me suis jamais senti en sécurité dans ce pays. Pas un seul jour », confie-t-il. L’album devient ainsi un refuge, pour lui comme pour ses auditeurs. Ce refuge est pourtant traversé de joie. Sur plusieurs morceaux, Bartz chante. Sa voix, fragile mais chaleureuse, humaine et directe, donne à l’album un caractère inoubliable. Dans quelques années, on se souviendra peut-être de ce disque pour cette audace : « Tu te rappelles de l’album de Gary Bartz où il chantait ? » « Damage Control » agit aussi comme un rappel de continuité. Bartz est l’un des derniers musiciens en vie à avoir joué aux côtés de Mingus, Roach, Tyner, Blakey et Davis. Il incarne une lignée qui va du bebop au hip-hop, du jazz militant à l’improvisation contemporaine. Sa musique porte cette histoire, non comme un fardeau, mais comme un fil conducteur. En fin de compte, « Damage Control » ne parle pas seulement de blessures, mais de résilience. C’est l’œuvre d’un artiste qui a traversé les époques, qui s’est adapté, qui continue de créer. C’est aussi un cadeau : la preuve qu’à 83 ans, Gary Bartz reste à l’écoute, en mouvement, en tête. – Thierry De Clemensat


Aki Kumar

God Bless The Usa

Little Village Foundation Records – www.littlevillagefoundation.com

Avec « God Bless the USA », Aki Kumar poursuit son exploration singulière du blues en y intégrant des sonorités issues de ses origines indiennes ainsi que diverses influences musicales. L’album se distingue par un mélange efficace et assumé de tradition et d’ouverture. Solidement ancré dans le blues, Kumar y insuffle des touches de reggae, de soul des années 50 et de rythmes indiens. Cette alchimie donne des résultats remarquables, comme sur Desi Strut, reprise énergique du succès des Meters, ou encore Should I Stay (Immigrant Song), une revisite inventive du célèbre morceau des Clash. L’album alterne relectures de standards (I Just Want To Make Love To You) et compositions originales (Thoughts and Prayers, Jarvos Woman), toujours avec la volonté d’actualiser le propos. Plusieurs de ses titres abordent avec acuité des thèmes sociaux et politiques, notamment Thoughts and Prayers ou sur le morceau éponyme. Avec ce disque dense et inspiré, Aki Kumar confirme ici tout son potentiel et s’impose à l’évidence comme l’une des nouvelles voix du Blues. Jean-Luc Vabres


Lil’ Jimmy Reed

Caress Me Baby

Wolf Records CD120636 – www.wolfrecords.com

Comme Bobby Rush, Little Freddie King et Buddy Guy, le toujours ingambe octogénaire Lil’ Jimmy Reed fait preuve d’une vitalité et d’une énergie incroyables. Il se produit souvent sur les scènes américaines et européennes. En outre il enregistre de nombreux disques. Quelques mois après l’excellent « Return To Baton Rouge » chez Nola Records, la firme de disques autrichienne, Wolf Records, qui nous offre régulièrement des enregistrements inédits d’authentiques bluesmen et blueswomen, publie « Caress Me Baby », un CD avec douze titres du chanteur, guitariste et harmoniciste louisianais Lil’ Jimmy Reed. Celui-ci est né Leon Atkins à la fin des années 1930 à Hardwood, Louisiana, une petite bourgade proche du Mississippi près de Baton Rouge. Comme tous les jeunes gens de sa génération, il tomba sous le charme de la musique de Jimmy Reed. Il apprit d’abord à jouer de l’harmonica puis de la guitare, instrument qu’il affirme avoir maîtrisé en moins d’une semaine. À côté de chez lui fonctionnait un club avec un jukebox qui disposait de nombreux disques de Jimmy Reed. Cela constitua sa formation musicale. Jusqu’à cette soirée où il remplaça au pied levé un Jimmy Reed trop ivre pour se produire sur scène. Le public ne s’aperçut pas de la supercherie ! Ainsi Jimmy Reed baptisa-t-il Leon Atkins Lil’ Jimmy Reed. Foulant souvent le sol anglais, Lil’ Jimmy Reed a sympathisé avec l’excellent pianiste de Blues et Boogie Woogie, Bob Hall, et son épouse la bassiste Hylary Blythe. Tous les trois ont créé le Lil’ Jimmy Reed Band, formation qui se produit avec succès sur les scènes européennes. Wolf Records a déniché douze chansons, une partie enregistrée en studio en Floride en Avril 2015, l’autre en public lors du Calgary International Blues Festival 2017. Au trio, se sont adjoints, selon les titres, les batteurs Neil Burton et Mick Klogoss. Tout au long de ces enregistrements, vous apprécierez la voix rauque de Lil’ Jimmy Reed, ses jeux de guitare et harmonica venus des fins fonds de la Louisiane au service d’un répertoire mêlant compositions personnelles (Tell Me What’s On Your Mind, Early In The Morning, I’m In Love With You), interprétations des chansons l’incontournable maître Jimmy Reed (Down In Virginia,Going To New York, Honest I Do, Caress Me Baby) et reprises de 12 Year Old Boy d’Elmore James, TV Mama de Big Joe Turner et When You Leave Don’t Take Nothing d’Artie’Blues Boy’ White. Tout ce répertoire archi-connu est interprété avec un inépuisable enjouement. Cette joie communicative réjouira toutes les oreilles et tous les cœurs des amateurs de Downhome Blues. – Gilbert Guyonnet


Jessie Lee & The Alchemists

Legacy

Binaural Prod

« Legacy » est la troisième production du quintet parisien de la chanteuse guitariste Jessie Lee Houllier. Sorti en 2018, leur premier disque reçoit cinq récompenses et l’année suivante remporte le Challenge France Blues. En 2021, sort Let It Shine qui est la base de leur tournée européenne qui verra son apogée en 2022 par la première partie à l’Olympia du concert de Jeff Beck. Pour l’enregistrement de « Legacy » en 2025, le groupe investit le Midilive Studios de Villetaneuse. Nommée meilleure voix de l’année par France Blues Award, Jessie est accompagnée par l’excellent Alexis Didier aux guitares, Laurian Daire aux claviers, Laurent Cokelaere à la basse et Stéphane Minana-Ripoll à la batterie. Les morceaux sont l’œuvre du groupe, sauf You’re the One That I Want, un titre écrit par John Farrar, guitariste des Shadows, et popularisé par John Travolva et Olivia Newton John dans le film Grease. Enregistré principalement en live, ce disque rend hommage aux artistes qui ont inspirés le groupe dans les domaines du blues, de la soul et du rock des années 70. Voici donc un album qui met ce groupe parmi les meilleures formations françaises, qui a bien sûr, sa place dans toutes les bonnes discothèques. – Robert Moutet  


Devon Allman

The Blues Summit

Ruf Records RUF 1328 – wordpress.rufrecords.de

Jimmy Hall, ancien chanteur/harmoniciste de l’excellent groupe de rock sudiste Wet Willie dans les années soixante-dix, Larry McCray, la chanteuse Sierra Green, partagent l’affiche de ce nouvel album solo du fils de Gregg Allman, héritier – mais refusant d’en être rentier -de la légende des Allman Brothers. D’autres artistes connus de la scène blues sont également de la partie comme Christone “Kingfish” Ingram et sa guitare soulful dans Runners in the night, ou Robert Randolph à la pedal steel dans Peace To The World. La belle voix de Sierra Green se fait entendre dans les contre-chants et illumine la délicate ballade, Real Love. Deux instrumentaux, des reprises de Wang Dang Doodle et de Little Wing, cette si belle chanson que Hendrix, dans sa VO, semble avoir laissé en chantier pour que d’autres la portent vers des avenirs plus grands encore, complètent le disque. Par sa diversité, son énergie, sa sincérité, le retour de Devon Allman chez Ruf, n’usurpe en rien le titre choisi de sommet du blues avancé pour cet album. Entré dans la cinquantaine, le chanteur et guitariste est toujours en recherche de nouvelles pistes. – Dominique Lagarde


Ally Venable

Money & Power

Ruf Records 1316 – wordpress.rufrecords.de

Aujourd’hui âgée de seulement 26 ans, la chanteuse guitariste texane Ally Venable sort son sixième album. Après le succès de « Real Gone » sorti en 2023, voici « Money & Power » enregistré dans les célèbres Soundstage Studios de Nashville pour Ruf Records. En 2019, cette maison de disque l’avait déjà engagée pour la tournée Blues Caravan. Très influencée par Stevie Ray Vaughan et Samantha Fish, elle fait en 2021, la première partie de la tournée de Kenny Wayne Shepard. Avec l’ascension très rapide de sa carrière, Ally Venable a désormais sa place parmi les meilleures interprètes de blues rock. À l’exception du morceau Black Cat de Janet Jackson, les 10 autres titres sont l’œuvre de Ally et de son batteur Tom Hambridge. Il y a deux invités, le guitariste Christone Ingram dans Brown Liquor et Shemekia Copeland dans Unbreakable. En conclusion, un excellent disque de blues rock qui devrait être suivit de beaucoup d’autres en raison de l’âge de l’artiste. À suivre. – Robert Moutet 


Pat Smillie

Hurt My Feelings

Fat Bak Music – patsmillie.com

Le chanteur de Detroit Pat Smillie nous dévoile son nouveau single Hurt My Feelings, un morceau percutant qui regarde vers la Rock Music où se mêlent énergie brute et émotion à vif. Porté par une voix éraillée qui ne triche pas, l’ancien habitué du Gene’s Playmate Lounge sur W. Cermak dans le West Side, s’appuie sur une instrumentation resserrée, guitares électriques incisives, basse sombre et batterie au groove solide, pour nous livrer au final, un titre à la fois direct et habité. À son aise dans tous les styles, dont le Blues et le R’n’B, Pat Smillie qui durant de nombreuse années fit les beaux jours des clubs du South Side de Chicago, nous montre à nouveau toute l’étendue de son talent. – Jean-Luc Vabres


The Blues Masters

Featuring Cassie Taylor

Exulans DMD / Blind Raccoon 2025

The Blues Masters est un groupe de blues et de rock formé il y a des années dont le but est la reprise et la remise au goût du jour de grands classiques. Avec la chanteuse guitariste Cassie Taylor, fille d’Otis Taylor, voici donc avec onze musiciens, le huitième album studio du groupe. Pour les dix morceaux enregistrés en live, la voix de Cassie fait merveille. Et pour le répertoire, il y a des reprises de titres des Staple Singers, Aretha Franklin, Blind Willie Johnson et bien d’autres. À noter aussi Sit Down Servant, un émouvant gospel de Margaret Bonds, pianiste du Chicago Symphony. Le but des Blues Masters est de nous faire redécouvrir des morceaux indémodables. Après l’écoute de ce disque, nous pouvons affirmer que ce but est atteint. – Robert Moutet 


Doc Lou & The Roosters

Nobody Cares

Mojo Rodeo 2025

Doc Lou & The Roosters est un trio de blues français composé de Doc Lou au chant et à l’harmonica, Jeff Hug à la guitare et Mitch Geronimo à la batterie. Ils ont déjà trois disques à leur actif et travaillent actuellement à l’enregistrement d’un quatrième qui doit sortir fin septembre. Ce prochain disque ne sera disponible qu’en vinyle. Pour patienter, le groupe a sorti un CD démo avec quatre titres qui seront sur le vinyle. Nous avions déjà dans nos pages dit tout le bien que nous pensions de ce groupe. Nous réitérons. Après écoute de ces quatre excellents compositions blues, ceux qui auront profité de cet excellent apéritif attendront avec impatience le plat de résistance ! Pour les autres, la surprise n’en sera peut-être que plus belle. – Robert Moutet


Bobby Bland

His California Album

Bear Family Records BAF18036 (LP) – www.bearfamily.com

En 1973 et 1974, le chanteur Bobby Bland enregistra à Los Angeles deux albums pout la firme de disques ABC Dunhill, tous deux produits par Steve Barri. Bear Family réédite le premier des deux, « His California Album », remasterisé, sous la forme d’un 33 tours vinyl 180g. Le second, « Dreamer », avait eu droit au même traitement, en 2017, sur le même label. Né en 1930, Bobby Bland débuta sa carrière à Memphis en même temps que Junior Parker, Rosco Gordon, Johnny Ace et B.B. King dont il devint, un peu plus tard, quelque temps, le chauffeur et valet. Il fut repéré par son exceptionnelle voix qu’il mit en avant à l’aide d’un répertoire qui mêlait Blues et Gospel. En 1957, il connut son premier grand succès avec Further Up The Road (Duke 170) classé numéro 1 des charts Rhythm & Blues. Il connut bien d’autres succès grâce à sa voix reconnaissable entre toutes. La production californienne de ce « His California Album » est somptueuse. L’excellent choix des dix chansons, l’accompagnement des guitaristes Mel Brown et Larry Carlton, la présence d’un orchestre à cordes sur la moitié des titres du disque permettent au chanteur, au sommet de son art, d’exprimer toutes les nuances de sa superbe voix qui passe sans encombre d’une tonalité dramatique rude à une extrême délicatesse et douceur, du rugissement au ronronnement. Tout est parfaitement orchestré pour ce mélange de sucreries pop, de Soul sudiste où les saveurs du Blues ne sont détectables que par intermittence. L’élégance et la classe de Bobby Bland sont irrésistibles. Son chant nous touche encore quel que soit le type de chansons qu’il interprète. Quand en plus s’ajoute la superbe qualité sonore produite par Bear Family, il est bien difficile de résister. – Gilbert Guyonnet


Johnny Otis   

The Duke / Peacock Sessions Part One 1952-54    

Jasmine Records JASMCD 3316www.jasmine-records.co.uk

Johnny Otis est un grand homme : super musicien, découvreur de talents, chef d’orchestre, homme de radio, artiste peintre, auteur de deux bouquins qu’il faut avoir lu : « Listen to the Lambs » (1968) et « Upside your Head » (1993). Ici on démarre avec sa plus grande découverte, Big Mama Thornton, avec huit titres Duke bien sûr déjà réédités par ailleurs. Puis deux titres de « Mr Google Eyes » (August), excellent chanteur from New Orleans, trois titres du malheureux Johnny Ace qui se tira une balle dans la tête, mais chantait très bien, quatre classiques du Little Richard pré-Specialty (octobre 1953) et on termine avec deux titres de Junior Ryder et tout ce beau monde est accompagné par l’orchestre de Johnny Otis qui comprend comme toujours de magnifiques musiciens : James Von Streeter (saxo), Fred Ford (saxo), Lady Devonia Williams (piano), Pete “Guitar” Lewis, Leard Bell (drums) et Johnny Otis au vibraphone ou à la batterie suivant les sessions. Pas de problèmes ; tout est de premier ordre, il suffit avant d’acheter de vérifier si on n’a pas trop de doublons, car les amateurs chevronnés ont surement déja beaucoup de ces titres incontournables. – Marin Poumérol


Mississippi John Hurt

Ain’t Nobody’s Doggone Business

Jasmine Records JASMCD3312 www.jasmine-records.co.uk

Ne meurt pas avant d’être mort… Celui qui fera toujours en sorte que ses cordes soient la résonance de ses pensées lâche le manche un 2 novembre 1966, aussi doucement que sa voix veloutée accompagnait sa musique, il s’éteint dans son sommeil, le cœur fatigué d’une vie de labeur et du poids d’un succès qui l’éloigne de sa terre, de sa ville. Avalon Blues déjà racontait sa difficulté à quitter ses racines, ses amis et compagnons de labour et de musique. En 1928, New York est déjà trop grande pour lui, et après avoir couché quelques titres pour Okeh (Memphis en février 1928 et New York en décembre de cette même année) qui ne lui rapportent rien sauf un nom – Mississippi John Hurt – qui servira de faire valoir à la jeune génération de folkloristes en ce début des années 1960, rentre chez lui. F. Scott Fitzgerald écrivait dans ses carnets qu’il n’y avait jamais de deuxième acte dans la vie d’un Américain. À quelques exceptions près qui confirment cette règle. John Smith Hurt fait partie de cette catégorie de musiciens qui « profiteront » de ce revival par l’entremise de deux jeunes blancs becs venus de Washington. Tom Hoskins et Mike Stewart grattaient les fonds de caisses des boîtes à musiques et tombent sur une cassette contenant des inédits de Hurt et sur laquelle figurait Avalon Blues, morceau qui n’a jamais cessé d’être intemporel, et qui préfigure dans son intense douceur, un jeu de guitare unique bien plus basé sur un folklore que sur ce qu’on appelle le blues. John Hurt ne s’est jamais considéré comme étant un musicien de blues mais plutôt comme un songster, un troubadour musical qui mettait en exergue toutes ses émotions en chantant la vie quotidienne d’une vie dans le sud. Alors quand John Hurt vit arriver ces deux jeunes limiers Washingtoniens à sa porte, il craint une descente de police et demande aux minots de montrer patte blanche. La musique adoucit les mœurs et après quelques parlottes, Hurt se rassura et accepta de prendre une guitare tendue pour leur en mettre plein les oreilles. John Hurt accepta de les rejoindre et c’est ainsi qu’un musicien anonyme devint une légende qui sera adulée et mille fois copiée. Mississippi John se heurta à une culture complètement différente où les boss n’étaient pas propriétaires de terres ni de bestiaux mais bien de bars et maisons de disques. Patrick Sky, un chanteur folk qui enregistrait pour Vanguard deviendra son ami/confident et le poussera à franchir de nouveau les portes d’un studio d’enregistrement situé dans le Chelsea Hotel. Blindé de monde, Hurt n’est pas à l’aise et Sky le ressent. Il vide les lieux de toute personne et se retrouve en comité restreint composé de l’ingénieur son, de Hurt et de lui-même. John Hurt ne changera jamais sa façon de jouer et si les titres joués n’ont rien de nouveau, ils ont vieilli comme un bon alcool mariné 38 ans dans un bon tonneau. Outre les treize titres enregistrés en 1928 (en fait, 6 autres morceaux seront gravés mais ne trouveront jamais de sorties officielles et resteront dans les méandres de l’histoire musicale. Il faudra l’avoir vu sur scène pour l’entendre interpréter ces titres issus des prises faites à Memphis en ce début de 1928), Jasmine nous gratifie de onze prises live (Où ? Quand ?) absolument extraordinaires d’intensité, de mélancolie qui nous permettent de nous rendre compte que les talents de John Hurt étaient toujours intacts. Cette redécouverte fut intense pour l’homme d’Avalon qui s’installera à Washington quelques temps pour y enregistrer trois albums (« Folk Songs And Blues » sur Piedmont Records en 1963, « Worried Blues » en 1964 toujours sur Piedmont et « Today » sur Vanguard), donner une multitude de concerts, participer à des enregistrements pour la Library Of Congress, donner des conférences dans des universités pour finir par se languir de sa terre natale sur laquelle il repart y reposer en paix. Seul l’oubli pourrait faire mourir cette figure incontournable de l’héritage du patrimoine mondial de la culture Afro-américaine et réjouissons nous que Jasmine et d’autres participent à faire perdurer ce leg pour que jamais ne meurent ces racines qui donneront, ne l’oublions jamais, naissance à quasi toutes les formes de musiques du XXe siècle. – Patrick Derrien


Various Artists

Bartholomew’s Belles
New Orleans R&B Women 1949-1957  

Jasmine Records JASMCD 3296 – www.jasmine-records.co.uk

Belle initiative du label Jasmine qui a recherché dans les productions de Dave Bartholomew pour Imperial les artistes féminines – assez peu nombreuses, mais de grande qualité – dont il n’eut pas vraiment le temps (ou la volonté) de s’occuper efficacement. La priorité, c’était Fats Domino et Smiley Lewis. Ce disque nous rafraichit la mémoire en remettant en avant Jewel King avec 12 titres de 1950 à 1952 ou elle excelle : 3 x 7 = 21 fut un grand succès, mais Lost Lover ou Freight Train sont aussi bons, Rose Mitchell suit avec 4 titres dont une version très originale de Baby Please Don’t Go, puis nous trouvons Blanche Thomas sur 2 titres de 1954 dont le superbe You Ain’t So Such a Much qu’on retrouve souvent dans des compilations diverses. Suivent 2 titres de Joan Scott et 6 de Ruth Durand qui composa également des morceaux pour Smiley Lewis et les Spiders ; sa version de I’m Wise d’Eddie Bo est parfaite et précéda sans doute celle de Little Richard. Gloria Jean Pitts revit avec 2 titres de qualité, et c’est la fameuse Annie Laurie (n’oubliez pas son CD Jasmine JASMCD 3168 : The Essentiel Annie Laurie) qui clôt ce recueil avec 4 démos inédites de 1949. On peut regretter que ces dames n’aient pas eu la carrière qu’elles méritaient car, après ces quelques 78 tours, elles disparurent de la circulation (sauf Annie Laurie). En tout cas elles valent le coup d’être redécouvertes grâce à cet excellent CD. – Marin Poumérol 


Ella Johnson

The Decca YEARS 1941 to 1952

Jasmine Records JASMCD3304 www.jasmine-records.co.uk

Ella Johnson a 23 ans quand ses parents meurent. Elle rejoint alors à New York son frère le pianiste et chef d’orchestre Buddy Johnson. Nous sommes en 1940. Celui-ci fait travailler le chant à son inexpérimentée et timide sœur, lui compose quelques ballades qu’elle enregistre en compagnie de l’orchestre de Buddy. Dès sa première expérience en studio, Please, Mr. Johnson d’octobre 1940 remporte un grand succès. Sur cette compilation dont les enregistrements commencent en 19411, vous découvrirez la version du 1 mai 1941, New Please Mr. Johnson supérieure à la première version. Buddy Johnson fournit à sa sœur de formidables compositions, à cette époque essentiellement des ballades blues arrangées à la perfection. Ella Johnson les interprète avec beaucoup de talent. Elle enchaine les succès classés dans les charts du Billboard : When My Man Comes Home (#1 en 1944), That Stuff You Gotta Watch (« 2 en 1945), I Don’t Care Who Knows (« 11 en 1949) et le maintenant classique Since I fell For You. Autant de chansons disponibles sur ce CD. Qui ne connaît pas That’s The Stuff You Gotta Watch, une composition de Buddy pour Ella, qu’interprétèrent Wynonie Harris et Muddy Waters ? Notez qu’en 1945 Ella et Buddy firent une infidélité à Decca en gravant deux excellents titres avec une petite formation pour J. Mayo Williams et sa firme disques Harlam : Darling Baby et Since You Went Away ici présents. En 1953, Ella et Buddy Johnson furent engagés par Mercury où les chansons au tempo rapide devinrent majoritaires. Cette partie de leur carrière fait l’objet du coffret Bear Family BCD15479) et du CD Jasmine JASMCD3308, « The Mercury Years 1953-1957 », qui complète parfaitement celui chroniqué ici. Procurez-vous cette excellente compilation orchestrée par Dave Penny. Ella Johnson, que Leonard Feathers égalait à la grande Billie Holiday, mérite reconnaissance. Sachez qu’elle mourut dans la misère, dans un minuscule appartement new yorkais, oubliée des mondes du Jazz, du Blues, du Rhythm & Blues et du Rock auxquels elle laissé une trace indélébile. – Gilbert Guyonnet


Ella Johnson  

The Mercury Years 1953-1957 

Jasmine Records JASMCD3308 www.jasmine-records.co.uk 

Très belle réédition de faces Mercury de l’excellente chanteuse Ella Johnson qui débuta dans l’orchestre de son frère Buddy dès 1940 chez Decca. Chez Mercury, Ella et Buddy ont su s’adapter au rhythm’n’blues plus proche du rock et su s’entourer de musiciens plus modernes comme Mickey Baker à la guitare et Sam “The Man” Taylor au sax tout en conservant les excellents Harold Minerve, Purvis Henson ou Slide Hampton suivant les faces ; avec ces grands solistes Ella est au paradis. Ça balance un max comme on dit : Alright, ok, you win, What a Day, I Ain’t Gonna Let You Go, You’ll Get Them Blues et les reprises réussies en 1957 de Please Mr Johnson et Since I Fell For You. En 1958, Buddy signe chez Roulette, mais ceci est une autre histoire, profitons au maximum d’un orchestre au sommet de sa forme avec une des grandes chanteuses de l’histoire du Jazz . Indispensable ! – Marin Poumérol


Various Artists

The White Roots of Elvis Presley

Jasmine Records JASCD 1255 – www.jasminerecords.co.uk

Les influences que la musique noire a exercées sur Elvis Presley sont plus fréquemment mises en avant par les amateurs de Blues, que les blanches. Un précédent volume Jasmine JASCD 1249 les documentent très bien. Ici, ce sont trente titres country, easy listening, chansons populaires (My Happiness), qu’Elvis a repris à son compte, qui sont à la une. Avec quelques surprises comme cette adaptation intermédiaire du Hound Dog de Big Mama Thornton par Freddie Bell and the Bell Boys. Moins explosive que celle que livrera le King, elle inclut surtout ce fameux roulement de batterie, absent de l’originale, et que Presley mettra davantage en avant encore. Lors des premières sessions chez Sun Records, Blue Moon of Kentucky de Bill Monroe a pris de la vitesse. En non initié, j’y découvre aussi une version de I’m All Shook Up par un certain David Hill, ne précédant que quelques mois le tube mondial en 1957. Pas essentiel, mais pour les oreilles ouvertes. – Dominique Lagarde


Various Artists

The Songs That Shaped Johnny Kidd and TYhe Pirates  

Jasmine Records JASMCD 1253 – www.jasmine-records.co.uk

Qui se souvient de Johnny Kidd and The Pirates ? Ils furent pourtant l’un des meilleurs groupes anglais pré-Beatles des années 60 et créateurs d’un classique du rock avec Shakin’ all over et de quelques autres tubes dont Restless et Please don’t touch, mais, pas de chance, Johnny Kidd devait périr dans un accident de la route le 7 octobre 1966. Ce CD nous propose de retrouver les musiques qui inspirèrent ce groupe avec des morceaux qu’ils enregistrèrent également et on doit dire qu’ils avaient bon goût ! Jugez-en : Big blond baby par Jerry Lee Lewis, Muddy Waters, Ray Sharpe, Brenda Lee, Bo Diddley, Arthur Alexander, Johnny Otis, Ricky Nelson, Dr Feelgood, Little Richard, The Miracles, Hank Williams, Johnny Burnette, Carl Perkins, Roy Hamilton, Buddy Holly, Ben E. King entre autres. Donc 32 morceaux qui façonnèrent la musique de Johnny Kidd ; tout est bon et l’ensemble forme un disque très plaisant basé rock’n’roll, mais plus que ça. Vous pouvez aussi vous procurer le CD « The best of Johnny Kidd and The Pirates » ; je sais qu’il existe, mais ne le possède pas. J’avais eu la chance de voir ce groupe sur scène en 1963 en Angleterre et c’est un grand souvenir pour moi ! Un grand moment de nostalgie et de bonne musique. – Marin Poumérol


Delta Rhythm Boys

A Sittin and a Rockin – Hottest Shots 1940-1950

Jasmine Records JASMCD2828 – www.jasmine-records.co.uk

Au cours des années 1930 et au début ses années 1940 fleurirent de nombreux groupes vocaux interprétant des chansons populaires plutôt que des gospels. Les plus célèbres furent les Mills Brothers et les Ink Spots qui connurent des succès commerciaux pendant près de cinquante ans. Il est une formation tout aussi brillante mais moins célèbre : les Delta Rhythm Boys. En 1934, quatre étudiants de la Langston University, Oklahoma, se rassemblèrent : les ténors Elmaurice Miller et Traverse Crawford, le baryton Joseph Atkins et le chanteur basse Otho Lee Gaines qui fut la plus grande influence du chanteur des Ravens Jimmy Ricks. En 1936 le quartet devint personna non grata en Oklahoma pour avoir soutenu quelque candidat aux élections en chantant lors de meetings. Ainsi en 1936, les quatre chanteurs gagnèrent la Nouvelle Orléans et la Dillard University. Ils perfectionnèrent les harmonies, les arrangements et firent évoluer leur répertoire. Abandonnée toute musique religieuse ; place aux folk songs, au jazz, aux mélodies populaires et au blues. Après une tournée de six mois en Argentine sous le nom du « Frederick Hall Quartet », la formation s’installa à New York début 1938. Ils sont repérés par le compositeur Eubie Blake ce qui leur permit d’intégrer le spectacle de Broadway « Sing Out The News ». Ainsi débuta une très longue carrière. En 1940, le ténor Clinton Holland remplaça Miller et le pianiste et arrangeur Rene DeKnight fut embauché. L’ensemble signa un contrat pour la firme Decca. De nombreux 78tours de qualité furent gravés d’où se détachent : Take The ‘A’ Train de Billy Strayhorn, The Honeydripper de Joe Liggins et Baby, Are You Kiddin’ ? accompagnées du Jimmy Luncerford Orchestra, et deux compositions de Duke Ellington pour lesquelles Otho Lee Gaines a écrit des paroles avec la bénédiction du Duke, Just Squeeze Me et le seul tube des Delta Rhythm Boys Just A Sittin’ And A Rockin’. Le compilateur Tony Rounce a sélectionné 17 chansons du catalogue Decca en évitant les ballades sirupeuses. En 1943, Kelsey Pharr prit la place de Harry Lewis et, en 1945, Carl Jones celle de Clinton Holland. En 1947, mécontents du répertoire que voulait leur imposer Decca, les Delta Rhythm Boys décrochent un contrat avec RCA Victor. Parmi les 8 chansons extraites du catalogue RCA pour cette compilation, l’impressionnante version swingante de St Louis Blues est une pure merveille. Dry Bones est une grande réussite. Cette chanson fut une des meilleures ventes de RCA. Créée en 1948, One O’ Clock Jump, composition de Count Basie avec des paroles écrites par Otho Lee Gaines est presque un Rock & Roll ! Insatisfaits par RCA, les Delta Rhythm Boys retournèrent chez Decca en 1950. Le rapide Fan Tan Fannie et la touchante ballade It’s All In Your Mind concluent ce tour d’horizon d’une dizaine d’années d’un important groupe vocal dont la carrière se prolongea en Europe à partir du milieu des années cinquante. Précieuses sont les informations données par Tony Rounce dans le livret qui accompagne une sélection musicale rigoureuse et de grande qualité. – Gilbert Guyonnet


Deep River Boys   

Not Too Old to Rock’n’roll    

Jasmine Records JASMCD 2835 – www.jasmine-records.co.uk

Trente-deux titres par un groupe précurseur du Doo-wop formé en 1936 en Virginie. Nous débutons avec eux en 1952, ils sont accompagnés par l’orchestre de Howard Biggs et hésitent entre la ballade sentimentale et les onomatopée du Doo-wop de base, puis se lancent dans des reprises de succès du rock’n’roll plus ou moins réussies : Shake rattle and roll, Rock around the clock, Rock a beatin’boogie, Only you, All shook up d’Elvis plus quelques autres, sans oublier la mode du calypso. Tout cela est bien fait, belles voix, succès en Europe surtout dans les pays scandinaves, mais a assez mal vieilli par manque de caractère : les Deep River Boys ressemblent à beaucoup d’autres groupes, on peut passer un moment agréable à les écouter, mais on peut vite les oublier, ce qui serait quand même dommage. – Marin Poumérol


Charles Kynard

Woga

WeWantSounds WWS(LP)107

Dans la riche confrérie des organistes jazz-soul des années 60/70x, Charles Kynard (1933-1979), n’est pas le plus illustre. Mais il est en bonne place, au jardin secret des aficionados. Sa discographie ne compte qu’une dizaine d’albums, en quinze ans. C’est pourquoi la première reparution en 33 tours de « Woga » – titre emprunté au langage Swahili – depuis sa sortie en 1972, sur le label Mainstream, de Bob Shad, est précieuse. Musicien au toucher aérien et subtil, Charles Kynard, à l’orgue Hammond, est entouré ici d’une rythmique parfaite. Le dialogue est prolixe avec le guitariste Arthur Adams, le bassiste Chuck Rainey, le batteur Paul Humphrey, et la section de cuivres, dont le sessionman George Bohanon, au trombone. Comme souvent chez les organistes, originaux, et adaptations instrumentales de tubes du moment s’équilibrent. Le long Slop Jar fait briller la six cordes, la lecture du standard The first time I ever saw your face est traversée de douceur et d’émotion, celle du funky Rock Steady d’Aretha Franklin swingue avec classe. En bonus Smiling faces sometimes, plus funk, emprunté au groupe Undisputed Truth, est un titre paru en 1974 sur une compilation d’artistes du label, baptisée « Booty ». Les rééditions vinyles réclament un certain investissement financier – autour d’une trentaine d’euros – mais le son du disque est limpide, la qualité de reproduction irréprochable. WeWantSounds glisse en plus dans la double pochette, un encart commenté, et illustré de clichés noir et blanc de la session. En consultant Discogs, il apparaît que Charles Kynard a consacré les dernières années de sa courte vie au Gospel. – Gilbert Guyonnet


Bobby Lee Trammell   

Rocks   

Bear Family Records  BCD 17779 – www.bear-family.com

La série « Rocks » de Bear family est absolument magnifique : livrets denses avec beaucoup d’illustrations de premier ordre et discographies, son impeccable et comme ici 32 titres résumant la carrière d’un artiste. Avec Bobby Lee Trammell il s’agit d’un chanteur de rock qu’on peut qualifier de second couteau. Surnommé “The Arkansas Wild Man” grâce à son jeu de scène un peu fou, c’était un chanteur très moyen qui nous donna quand même deux classiques du rockabilly : You’re The Mostest Girl et Shirley Lee. Mais le succès fut difficile à conserver et notre homme dut s’accrocher à des recettes faciles comme le twist dont il abusa : Arkansas Twist, Sally Twist et des danses vite faites et mal foutues : Hi Ho Silver, New Dance in France, l’horrible Mayonnaise Man puis des imitations pas terribles : Toolie Frollie, Woe Is Me. Il y a un peu de tout dans ce disque dont une très bonne version de Whole Lotta Shakin’ Goin’on mais bien en-dessous des versions de Jerry Lee ou de la formidable Big Maybelle. Bobby Lee Trammell n’est pas inoubliable, mais a très bien été réédité ici. – Marin Poumérol


Bernard Allison

Chills & Thrills

Ruf Records RF1317.2 – wordpress.rufrecords.de

Voici la réédition par Ruf Records d’un disque publié en 2007 par un petit label de jazz allemand de Fribourg Jazzhaus Records (référence JHR012), puis sorti aux États-Unis, en 2008, par CC Entertainment (CCEC9372). Je n’avais jamais véritablement accroché à la musique de Bernard Allison, le fils du grand Luther Allison, que je jugeais « trop rock » jusqu’à la publication du double CD « Luther’s Blues » (Ruf 1303), émouvant hommage très réussi d’un fils à son père. Je me suis ainsi plongé dans l’écoute de ce disque sans aucun préjugé. Blues, Soul, Funk, Rhythm & Blues, Jazz et surtout Rock constituent la riche palette musicale utilisée par Bernard Allison qui se démarque de l’écrasante personnalité de son père qui l’avait supplié de « devenir lui-même ». Automne 2007, dans un studio sis à New Hope, Minnesota, sont rassemblés aux côtés de Bernard Allison, le guitariste Eric Gale, les pianistes et organistes Bruce McCabe et Rusty Hall, le bassiste Jassen Wilber, le batteur Mario Dawson et le saxophoniste Jose James. Le disque débute par le titre éponyme de celui-ci, Chills & Thrills, un entrainant et percutant funk sur lequel Eric Gales et Bernard Allison jouent un solo ; celui de Bernard Allison sonne comme si celui-ci utilisait un ampli Magnatone (à la Robert Ward). Eric Gales chante la chanson funky When I’m Gone très influencée par Jimi Hendrix. L’intro de Just My Guitar And Me, une composition de Luther Allison, nous plonge dans le Delta du Mississippi avec une belle partie de slide. Les interprétations de That’s Why I’m Crying de Magic Sam et Boogie Man de Freddie King tiennent la route. Belle surprise que Missing Tyrone l’hommage au chanteur Tyrone Davis qui fut le valet de Freddie King. Bien sûr, Bernard Allison tient la promesse qu’il fit à la mort de son père. Il interprète quelques chansons écrites par Luther. En plus de celle déjà citée, il reprend Compromising For Your Needs et la belle ballade Serious, dont nous découvrons deux versions, ma préférée étant celle qui clôt le disque Serious (after Hours). Heart of St Paul, écrite par Andy Bailey, est probablement l’un des meilleurs moments de ce disque. Amateurs de guitares, vous trouverez votre bonheur grâce aux interventions sans bavardages inutiles de Bernard Allison et Eric Gales. Ce dernier est un formidable accompagnateur de Bernard Allison. Il participe beaucoup à la grande réussite de ce disque. Une réédition bienvenue, mais il vous faudra accepter une forte dose de Rock. – Gilbert Guyonnet   


Babs Gonzales  

Bips and Bops     

Jasmine Records JASMCD 2816 – www.jasmine-records.co.uk

Du jazz, du bop, beaucoup de scat, le sous titre étant « Cool scat from a cool cat », ce qui résume assez bien le contenu du CD dont voici quelques titres Oop-pop-a-da, Dop-bla-bli, Bab’s Dream, Lop-pow, Babs Gonzales appelait d’ailleurs son groupe “Three bips and a bop”. C’est un festival de scat singing, entrecoupé de solos de trompette, saxo ou trombone. Tout ceci fut enregistré chez Blue Note, Apollo, Manor, Capitol, Savoy et King entre 1947 et 1956, grand période du bop. C’est une expérience à faire. Deux ou trois morceaux c’est bien ; un CD entier c’est plus dur. À réserver aux amateurs de jazz de cette époque ! À rapprocher du duo Slim et Slam (Slim Gaillard et Slam Steward) qui appliquait un peu les mêmes recettes. – Marin Poumérol


Various Artists

Rocks – Bear Family Records Vol.2

Bear Family BCD 17735 – www.bear-family.com

 

Various Artists

Rock-A-Ballads
Flipside Dreams and Loving Schemes

Bear Family BCD 17776 – www.bear-family.com

 

Various Artists

That’ll Flat… Git It ! Vol. 50

Bear Family BCD17780 – www.bear-family.com

 

Various Artists

That’ll Flat… Git It !  Vol. 51

Bear Family BCD 17781 – www.bear-family.com

 

Dehors, les compilations rock Bear Family ont l’air de savoureuses, pleines de couleurs, épaisses comme des mille feuilles avec leurs jaquettes cartonnées, leurs livrets de quarante pages et leurs photos vintage. Dedans, c’est tout aussi bon ! Croquons et montons le son, d’ailleurs toujours particulièrement soigné.
« Rocks vol.2 » est un sampler de la vaste série que le label allemand consacre aux pionniers du rock – connus ou moins – des années cinquante au début des années soixante. Une décennie dorée juste stoppée par la  British Invasion. Associé au volume 1, déjà chroniqué dans ces lignes, les trente-cinq titres retenus – pas forcément les tubes – donneront une base solide à celles et ceux qui découvrent.
• Différente est la démarche adoptée dans « Rock-A-Ballads », qui se consacre, comme son nom l’indique, aux slows ou titres lents parcourus d’une atmosphère plus rêveuse, voir inquiète (The Cheat de Sanford Clark). My true love de Jack Scott a du connaître un certain succès dans les boums et faire se serrer les corps, jusque chez nous : il n’est pas rare de tomber dans les brocantes sur le 45 tours original français, avec pour chiche illustration, un étendard jaune sur fond noir. Derrière une façade bien inoffensive, l’instrumental aérien Sleep Walk de Santo & Johnny, avec sa tonalité hawaïenne, et sa lap steel eut une influence considérable sur les guitaristes des années soixante, jusqu’à Peter Green et Carlos Santana. Walkin’ After Midnight de Patsy Cline permet encore aujourd’hui de ressentir le choc que causade la mort accidentelle de cette superbe chanteuse, lors d’un crash aérien en 1963.
« That’ll fFat…Git It ! Vol. 50 » témoigne de l’ampleur de la série aux thèmes rockabilly et rock’roll puisés dans les archives des grandes maisons Columbia et Epic Records. Le volume 49 avait déjà puisé à la même source. Avant la vogue du rock, la major company détenait un imposant catalogue country patiemment constitué par deux directeurs artistiques, d’origine anglaise. Art Satherley (qui créera l’enseigne ARC, future Columbia), jusqu’à sa retraite en 1952, et Don Law avaient chacun leurs secteurs à travers le sud des Etats-Unis. Don Law est passé à la postérité, pour avoir notamment fait passer de Sun à Columbia en 1958. What do I care, le premier single du Man in Black, pour son nouveau label, repris ici ne fut pas encore synonyme de succès. Les amateurs de rock plus énervés salueront les titres de Link Wray. On retrouve aussi Lefty Frizzell, les excellents Collins Kids, ou encore les grandes vedettes maison, Marty Robbins, Johnny Horton, invitées à  mettre du rock dans leur roll pour ne pas couler.
• Moins rupin, mais tout aussi prestigieux, peut paraître le label Challenge et son associé Jackpot, dont les faces peuplent « That’ll fFat…Git It ! Vol. 51 ». En raison de son fondateur, le légendaire cowboy chantant Gene Autry, descendu de cheval pour aller abreuver ces zazous qui commençaient à s’agiter sur les pistes de danse. Pas facile de swinguer avec des éperons, mais l’homme au chapeau blanc et à la chemise à carreaux sut s’entourer de fines gâchettes pour dénicher des talents. Ainsi The Champs, avec Tequila, Everybody’s Rockin’ firent mouche à plusieurs reprises. Pionnier en quelque sorte des groupes multi-raciaux, Al Downing, qui oscilla des années entre rhythm’n’blues, rock, soul et country, avant de privilégier la dernière option, brille ici avec ses Poe Kats au long de l’électrisant classique, Down on the Farm. On entend aussi un jeune Bobby Bare, dont la voix chaude deviendra plus tard, une des plus appréciées de la « countrypolitan », la country montée à la ville. – Dominique Lagarde


Chuck Berry  

The Jasmine EP Collection  

Jasmine records JASMCD 1246 – www.jasmine-records.co.uk

Tout a été dit sur Chuck Berry, le plus grand chanteur guitariste et compositeur de l’histoire du rock’n’roll. Jasmine a choisi une sélection de titres tirés des nombreux 45 tours EP sortis durant les années 1960 à 1965. Tous ces titres sont bien connus et peuvent presque constituer un best of de Chuck : Maybellene, Thirty Days, Rock’n’roll Music, Roll Over Beethoven, Sweet Little Sixteen, Carol, Johnny Be Good, Memphis, Oh Baby Doll, il y a là trente classiques souvent réédités et quelques morceaux moins connus comme Broken Arrow ou Rockin’ at the Philarmonic. Tout est très bon ; si vous ne les avez pas, c’est une bonne occasion pour réparer cette terrible erreur ! – Marin Poumérol


Various Artists

Hit and Run – More Motown Guys

Kent Soul CD 531 – www.acerecords.co.uk

Les aficionados du Motown sound seront aux anges : quinze inédits, neuf titres disponibles en téléchargement seulement, il y a déjà dix ans. Un dernier seulement sorti sur un antique volume d’une série intégrale des 45 tours. Carton plein donc. Avec un panaché d’artistes masculins maison bien connus (Temptations, Four Tops, Contours, Smokey Robinson and The Miracles, Jimmy Ruffin) et de troisièmes couteaux méritants (Skip Cunningham, Michael Thomas, Johnny Earl et d’autres passés sous les fourches caudines d’un comité d’écoute hebdomadaire le vendredi,  qui délivrait les bons à tirer ou posait son véto à la publication. Il y a quelques lustres, l’excellent Lucky Lucky Me avait fait son chemin sur les ondes dans une version inédite par Marvin Gaye. D’autres comme Ivy Jo Hunter ici présent avaient tenté sans succès en leur temps de faire sortir de l’ombre cette chanson. L’excellent Marv Johnson apporte une touche mélancolique dans Sad Souvenirs. Ce CD est par ailleurs le testament discographique de Keith Hughes, un des spécialistes du Motown sound, auteur de plusieurs compilations pour Kent, et décédé alors que la réalisation de celle-ci était en cours.Dominique Lagarde


Various Artists

The Blue Suede Shoes Story
25 Shades of Blue Suede   

Jasmine records JASMCD 1212 – www.jasmine-records.co.uk

Vingt-cinq versions différentes de Blue Suede Shoes, le fameux classique du rock créé par ce bon vieux Carl Perkins en 1956 : c’est beaucoup d’un seul coup ! À écouter en plusieurs fois… Toutes ces versions ont été enregistrées entre 1956 et 1962 et dans tous les styles en vogue à cette époque : country avec Hank Smith et Pee Wee King, jazz avec Jerry Mercer, doo wop, mais surtout rock’n’roll avec Elvis, Narvel Felts, Bill Haley, Eddie Cochran, Cliff Richards, Conway Twitty et r’n’b avec une excellente version par Sam “The Man” Taylor. Et en avant pour « One for the money, two for the show, three to get ready, but don’t step on my blue suede shoes… », des paroles d’une philosophie essentielle que Carl Perkins entendit de la part d’un danseur qui reprochait à sa copine de marcher sur ses godasses en dansant et qui sont le fondement du vrai rock’n’roll. Merci à Carl Perkins, superbe chanteur et guitariste. – Marin Poumérol


Oscar Peterson

Oscar’s Arrangement
In Session

Jasmine Records JASMCD 2852 – www.jasmine-records.co.uk

Cette nouvelle compilation Jasmine Records réunit des enregistrements des années 50 et 60 dans lesquels la légende du piano jazz accompagne les illustres Charlie Parker, Billie Holiday, Ella Fitzgerald, The Roy Eldrige Quintet ou encore Louis Armstrong. Il est le partenaire de jeu, le complice idéal, celui qui sait se fondre dans l’univers de l’autre, tout en y glissant sa patte virtuose. Le morceau-titre, Oscar’s Arrangement, enregistré avec le Roy Eldridge Quintet, est à lui seul une petite merveille grâce au swing naturel qui s’en dégage, et surtout la capacité de Peterson à porter la formation sans jamais l’écraser. Sur les plages purement instrumentales, comme le formidable Daahoud avec le Ernie Wilkins Big Band, le pianiste canadien démontre ce mélange de technique impeccable alliée à son sens du dialogue avec ses comparses en studio ou sur la scène, qui constituent à la fois sa force et sa signature. Une musique enivrante vous attend. – Jean-Luc Vabres


Popular Music and Culture in Austin, Texas – Talking with the Blues

Josep Pedro

Editions Palgrave Macmillam

L’Université Carlos III de Madrid a la chance d’avoir au sein de l’unité « Communication » un enseignant grand amateur de Blues. Son nom : Josep Pedro. Il vient de publier les résultats de ses recherches ethnographiques réalisées à Austin en 2010 et 2016 et de ses rencontres avec des artistes de la scène Blues d’Austin en tournée en Espagne, dans un livre intitulé « Popular Music and Culture in Austin, Texas – Talking with the Blues ». Dans son introduction, l’auteur présente les diverses musiques populaires de la ville d’Austin auto-proclamée “Live Music Capital of the World”. Mais c’est le Blues qui retient l’attention de Josep Pedro. Il s’est donc particulièrement impliqué dans la vie du quartier afro-américain d’Austin, « East Austin ». La première partie de l’ouvrage dresse un historique de la scène blues de la ville et d’East Austin en particulier qui, hélas, est en voie de gentrification, ce qui chasse la communauté afro-américaine. Le cœur du livre consiste en la transcription des interviews de quinze personnalités du monde du blues d’Austin. Musiciens et producteurs témoignent de leurs vies, de leurs heurs et malheurs, des luttes pour les droits civiques, de la difficile situation de l’industrie du disque (cf. Eddie Stout – chapitre 3, p.171-185, lui-même musicien, producteur et patron de la firme de disques Dialtone Records et organisateur du formidable festival automnal, l’Eastside Kings Festival), des divers clubs de blues de la ville, Antone’s bien sûr, le Skylark Lounge, le Victory Grill, … Vous retrouverez avec émotion les propos des regrettés W.C. Clark, Blues Boy Hubbard et Paul Oscher. Ceux de la maintenant très vieille dame qu’est la chanteuse Miss Lavell White, née à Jackson, Mississippi, en 1929. Les témoignages des toujours actifs Matthew Robinson (chant et guitare), du pianiste Nick Connelly et du fantasque chanteur-harmoniciste Birdlegg sont passionnants. Ce dernier ne mâche pas ses mots. Il est politiquement incorrect. P.221 : « White Blues ? That’s ’cause white people have taken it over, like they do with all our music … The North likes to say that the South is bad, but the North will kill you and smile at you … I don’t want nobody bullshit me, kill me. Don’t smile at me, pretend you’re my friend, and then kill me. » P.228, à la question « How is the Austin Blues Society ? », Birdelegg n’hésite pas à affirmer : « Far too white, far too alienated from the black community, which I don’t like. » Le formidable chanteur aveugle Soul Man Sam conclut son entretien avec Josep Pedro avec beaucoup d’humour. À la question : « Do you have any goals about the future ? », il répond : « I’m almost dead ! I’m 70 years old, man. » (1) L’influence hispanique n’est pas négligée. Le multi instrumentiste Oscar Ornelas (saxo, piano et chant), né à San Angelo, Texas, a réussi à s’imposer, une fois installé à East Austin en 1984. Il affirme n’être pas un pur bluesman, mais un musicien amoureux du Blues. En outre il tient de violents propos au sujet du quartier East Austin, victime d’un « cultural genocide … 12th and Chicon Street is like Disneyland right now. » (p.271). La lecture de ce livre relié, disponible aussi en format électronique, est très aisée et agréable ; donc recommandée à tout amateur de Blues. Hélas le prix est élevé. Comme me l’a expliqué Josep Pedro, l’ouvrage est publié dans une collection universitaire non destinée au grand public (Palgrave Studies in the History of Subculture and Popular Music). – Gilbert Guyonnet          

(1) Relisez l’interview de Soul Man Sam dans le #64 d’ABS Magazine, probablement la première de ce chanteur.