En ces temps troublés, comment imaginer pouvoir encore découvrir un chanteur de Soul music « old school » d’envergure internationale enregistrant un premier CD ? C’est pourtant le cas de Sonny Green, artiste vivant à Los Angeles. Il a certes enregistré à la fin des années 60 quelques excellents singles pour de petits labels tels Hill, Fuller, Mesa ou MHR, s’est régulièrement produit en clubs, mais n’avait jamais eu un album entier à son actif. Et quel album ! « Found ! One Soul Singer » (Little Village Foundation Records – LVF 1037), produit par Noel Hayes et Kid Andersen, est une pépite (chronique dans ce numéro). Jean-Luc Vabres a pu interviewer Sonny Green pour ABS Magazine. À 79 ans, le musicien a une soif immense de se produire à l’international et l’énergie d’un jeune premier. Vivement la fin de la pandémie !
Dans ce numéro, Stéphane Colin nous parle du merveiilleux film documentaire « Billie » de James Erskine sur la chanteuse Billie Holiday. Scott M. Bock nous présente un guitariste-chanteur pétri de talent et très attachant, ancien band leader de groupe de James Cotton : Slam Allen (un grand merci à Robert Sacré pour son travail de traduction et de mise en forme). Gilbert Guyonnet nous rafraîchit la mémoire sur le remarquable chanteur de blues texan, Texas Alexander. Enfin, dans les chroniques de CD et de livres, mention spéciale aux rééditions blues et gospel nombreuses et de grande qualité.
Du côté d’Austin, Texas, le Covid 19 – pourtant très virulent là-bas aussi… – n’a pu venir à bout de la volonté de fer de notre ami Eddie Stout et de son label Dialtone. Il a réussi à faire entrer en studio, pour son Eastside Kings Blues Festival, de nombreux musiciens prévus initialement à l’affiche de l’édition 2020. Il en a fait un film que l’on peut retrouver et visionner à la fin de cet édito. Autour de Bobby Rush, de nombreux artistes étaient présents, dont Crystal Thomas qui sort prochainement un nouvel album chez Dialtone : « Now Dig This » dont ABS Magazine (comme pour le Eastside Kings Blues Festival) est partenaire.
Enfin, nous avons appris la disparition le 10 octobre dernier de Daniel Bellemain. Il était un disquaire bien connu des parisiens, mais pas seulement. J’ai connu Daniel – “Bebel” pour les intimes – dans sa boutique du 15 rue Chaptal, au pied de la Butte Montmartre, dans les années 90. Il avait ouvert sa première boutique de disques dans les années 70. Il avait fondé le fan club Little Richard. Mais de sa passion première pour le Rock’n’roll, il s’orienta ensuite vers le Blues et surtout la Soul, dont il avait une connaissance encyclopédique. Il nous a souvent aidés – du temps où ABS Magazine s’écrivait sur du papier et où il en était dépositaire à la vente – à étayer les discographies mises en place avec Jean-Pierre Arniac. Lors de mes visites « à la Capitale », son magasin Black Cherry Blues était un point de raliement systématique où nous avions pris pour habitude de nous retrouver tous les trois. Discussions passionnées à partir d’un nouvel arrivage Ace/Kent, écoutes de disques, “Bebel” – gitane au bec – était intarrisable. Nous poursuivions généralement la discussion après l’heure de fermeture de la boutique dans le restaurant voisin… Il m’a fait connaître quantité de choses en Soul, vendu des disques qui sont aujourd’hui de véritables pièces de collection, et surtout laissé l’impression d’un homme dont la culture en musique égalait la modestie. Ce numéro d’ABS Magazine lui est dédié.
Marcel Bénédit