Dans ce numéro 73 d’ABS Magazine, cap de nouveau sur le Texas, récemment touché par une vague de froid terrible et malheureusement encore par de très nombreux cas de Covid. Mais cette fois nous allons à Houston. Tout d’abord avec la rencontre d’une artiste locale que les européens connaissent bien pour l’avoir vue à plusieurs reprises en tournée : Trudy Lynn. Chanteuse de blues avant tout, sa discographie est étoffée et ses partenariats nombreux. C’est aussi une artiste qui ne s’impose pas de barrières ; dans le nouveau disque de Dave Keller (« Duets-You Get What You Give » – TT-3045, cf chronique dans ce numéro), Trudy Lynn interprète en duo une surprenante chanson au rythme de mambo cubain dans laquelle elle est excellente. En novembre 2019, elle participait pour la deuxième fois à la tournée du Chicago Blues Festival (50ème anniversaire) ; ce fut pour Marin Poumérol et moi-même un réel plaisir de la rencontrer de nouveau, de parler avec elle de sa carrière et de ses projets. Nous restons ensuite à Houston avec Amos Milburn qui rencontra le succès et la gloire entre 1946 et 1953. Bien que parfois qualifié de « premier pianiste du rock’n’roll », il ne put malheureusement « grimper dans le train en marche du rock » et son œuvre n’eut pas la reconnaissance qu’elle méritait, comme nous le raconte Gilbert Guyonnet. Puis nous quittons Houston pour Chicago où Jean-Luc Vabres a retrouvé le temps d’une conversation – par téléphone (pandémie impose) – Gerald McClendon, qui vient de signer – sur le label Delta Roots Records et en compagnie de Twist Turner – un excellent album de soul et de blues : « Can’t Nobody Stop Me » – DR-1003 (cf chronique dans ABS Magazine n°71). « Last but not least », l’ami Stéphane Colin nous fait part de manière très personnelle d’un concert mémorable : celui du 70ème anniversaire de Duke Ellington au cabaret l’Alcazar à Paris, le 21 novembre 1969.
Côté disques, en ces temps où le « tout numérique » semble vouloir supplanter tous les autres supports et malgré la pandémie qui nous touche, artistes et labels sont de véritables « gardiens du temple ». Comment ne pas applaudir et être émus – entre autres – à l’écoute du nouveau CD de Cha Wa qui nous entraîne dans l’univers des Indiens de Mardi Gras, du gospel des Ingrammettes, par le nouveau disque de Muddy Gurdy ou encore par l’album de Crystal Thomas format LP ? Merci à vous musiciens, créateurs, mais aussi directeurs de labels et distributeurs dont le travail confine parfois à l’abnégation. Un mot enfin en direction des festivals. Nous avons annoncé puis retiré – dans l’attente d’une autorisation éventuelle… – les programmations de plusieurs festivals qui, en raison de la situation sanitaire, ne savent toujours pas si leur édition 2021 aura lieu ; sachez tous à quel point nous – simples scribes – nous pensons à vous et à quel point aussi la musique live nous manque. Merci de ne pas lâcher prise, de continuer à y croire, nous serons toujours à vos côtés. – Marcel Bénédit