Paul Niehaus IV

Paul Niehaus IV. Photo © Jocelyn Richez

Gardien du Temple

• La Saint Louis Blues Society se réveille doucement après une période difficile due à l’épidémie de Covid. Paul Niehaus IV, un jeune homme qui sait à peu près tout faire dans la musique, à la fois songwriter, chanteur, musicien multi-instrumentiste, créateur du studio Blue Lotus et du label Blue Lotus Recordings, est en train de  repositionner Saint Louis à sa vraie place sur la carte du Blues. Nous l’avons rencontré pour faire plus ample connaissance et échanger sur divers sujets le concernant ainsi que sur la scène blues de Saint Louis.

À la fin de la décennie 2010, tous les feux étaient au vert pour le Blues à Saint Louis avec l’ouverture du Blue Lotus studio en 2014, la création du label Blue Lotus Recordings en 2016, l’ouverture du Musée National du Blues en 2016, la victoire de la Saint Louis Blues Society à l’IBC 2019 avec Ms Hy-C and Fresh Start Band, une blues society très active qui sortait une compilation par an et une newsletter par trimestre. Mais le Covid a tout ruiné, laissant une blues society en sommeil, provoquant la fermeture des deux principaux clubs de blues. À cela, il faut ajouter le décès de figures majeures (Big George Brock et Kim Massie en 2020, Marcel Strong et Charles Hunt en 2021, Roland Johnson et Rudy Coleman “Silvercloud” en 2022, David Dee et Arthur Williams en 2023). Il reste heureusement des motifs d’espoir. Quelques vétérans sont encore actifs sur Saint Louis comme Boo Boo Davis, Marty Abdullah, Charles “Skeet” Rogers, Renee Smith, Rich McDonough, Gene Jackson qui chante chaque samedi après-midi au Saloon 1860, mais on voit aussi émerger toute une nouvelle génération dans le sillage de Marquise Knox avec Dylan Triplett, Matt Lesch ou Lamontay Rucker (Berkeley Slim), seulement 13 ans ! Paul Niehaus IV, infatigable, tente de redonner une réelle visibilité à la scène blues de Saint Louis.

Jeunesse et débuts dans la musique

Je suis né à St. Louis, dans le Missouri, le 21 septembre 1986. Je suis l’aîné de trois enfants, j’ai deux sœurs plus jeunes. Je suis reconnaissant d’avoir grandi dans une famille où la musique était omniprésente, mes deux parents étaient de grands fans de musique. Je me souviens que j’écoutais la station de radio « oldies » quand j’étais enfant sur le chemin de l’école, des trucs comme Sam Cooke, les Beatles, Herman’s Hermits, les Supremes, etc. Cela a été très formateur pour mes goûts musicaux et ma palette esthétique. Je n’ai jamais vraiment écouté la musique qui était populaire dans ma jeunesse et j’ai plutôt apprécié des musiques plus anciennes.

J’ai commencé à jouer de la trompette en classe de musique extra-scolaire en 4e année, mais même avant cela, en classe de musique en 2e année, nous avions tous des flûtes à bec. Je m’y suis mis immédiatement, ayant la capacité, dès le premier jour où elles nous ont été remises, d’entendre très naturellement les intervalles qui composent les mélodies. J’ai ensuite appris à jouer de divers instruments. La progression des instruments que j’ai appris est la suivante : trompette, cor d’harmonie (french horn), saxophone, guitare, basse, harmonica, claviers. À un moment donné, j’ai commencé à écrire des chansons, principalement en co-écrivant avec des collaborateurs. Ce n’est que récemment que je me suis mis sérieusement au chant.

Paul Niehaus IV. Photo © Jocelyn Richez

J’aime beaucoup de styles de musique, notamment la Soul, le Blues, le Gospel, l’Americana et même la musique folk du monde entier. Bien que les genres puissent être utiles comme descripteurs, je crois qu’à un certain niveau, il n’existe qu’une seule musique ou que tous les genres de musique proviennent de la même source au sens le plus fondamental du terme. C’est juste de la musique !

Mes musiciens préférés sont Mavis Staples. Bob Dylan, B.B. King, Steve Cropper, Booker T, James Jamerson, Howard Grimes, Steve Jordan et bien d’autres. Mon musicien actuel préféré sur la scène musicale de Saint-Louis est Brian Owens. C’est un chanteur incroyablement talentueux originaire de Ferguson, dans le Missouri. Il peut chanter à peu près n’importe quel style de musique, mais il se concentre et se spécialise dans la Soul. Brian est l’artiste qui a amené Michael McDonald (Doobie Brothers), un autre natif de Ferguson, au Blue Lotus Studio en janvier de cette année (2024). Ce n’était pas la première fois qu’ils collaboraient ensemble. Vous pouvez trouver leur reprise de Forever Young de Bob Dylan sur Internet, y compris un clip vidéo sur YouTube qui a été filmé au Blue Lotus Studio. J’ai travaillé pour la première fois avec Brian en 2017 lorsque nous avons co-écrit la chanson Lord Knows qu’il chante sur la compilation « 17 in 17 » de la St. Louis Blues Society. Nous sommes restés amis depuis et je suis honoré qu’il aime autant travailler au Blue Lotus Studio.

Album solo « If I Stay Too Long »

« If I Stay Too Long » est mon premier album solo en tant qu’artiste. Il est sorti sur Blue Lotus Recordings en novembre 2023. Il a nécessité de nombreuses années de travail. « If I Stay Too Long » est un album éclectique, quelque chose que je n’ai pas peur de faire. Certaines chansons de l’album ne sont pas aussi autobiographiques qu’il y parait. Le morceau Mama a été écrit par Walter Greiner (NDLR : un autre artiste de Blue Lotus Recordings). My Daddy’s Old Guitar a été écrit il y a près de 50 ans par mon ami Gordon Wanamaker qui vit à Butte, dans le Montana. J’ai entendu Gordon interpréter cette chanson dans une jam et je suis tombé amoureux de la chanson et de sa simplicité. Je lui ai demandé sa bénédiction pour en enregistrer ma propre version et il l’a gracieusement accordée.

La photo de la couverture de l’album a été prise au Shack Up Inn à Clarksdale. Je pensais que le côté rural et rustique de la plantation en ferait un bon endroit pour faire des photos pour un album. C’est ma femme Jackie Teuber s’est chargée de la photographie et du graphisme. Elle a fait un travail incroyable dans ce domaine. J’ajouterai également qu’elle a co-écrit deux chansons de mon album, à savoir Till This World Is Gone et Keep On Pushin’.

Maintenant, je suis ravi de travailler sur mon deuxième album en tant que chanteur, pour continuer là où le premier s’est terminé. J’ai jusqu’à présent trois chansons, donc je vais travailler cet hiver pour obtenir plus de chansons pour ce deuxième album. En ce qui concerne les instrumentaux… J’en ai sorti quatre pour l’instant. Je pense que je vais en faire d’autres et les regrouper sous forme d’album à un moment donné.

Musicien (sideman)

Après avoir obtenu mon diplôme universitaire à l’Université Truman State de Kirksville dans le Missouri en mai 2009, mon premier contrat professionnel a été de jouer de la guitare sur un bateau de croisière pendant cinq mois. C’était une expérience incroyable que je n’oublierai jamais. À mon retour, j’ai rejoint mon premier groupe de tournée, le Rockin’ Jake Band, dans lequel j’ai joué pendant un an et demi. Ma tournée suivante fut avec Matt Hill (NDLR : mari de Nikki Hill), avec qui j’ai joué pendant environ un an et demi.

Paul Nieuhaus (à droite) sur scène avec Matt Hill (à gauche) et Nikki Hill (au centre), 2012. Photo © Jocelyn Richez

Ensuite, je suis parti en tournée avec John Nemeth pendant neuf mois. John est l’un de mes préférés, c’est un génie créatif. Pendant trois ans, j’ai fait partie du Jeremiah Johnson Band et j’ai pu produire trois albums avec Jeremiah, dont deux ont bien figuré dans le Billboard Blues Chart et un a été nominé pour un Blues Music Awards ( NDLR : « Unemployed Highly Annoyed » en 2020). J’ai fait d’autres tournées avec les Lucky Losers ainsi qu’avec Amanda Fish. J’ai également joué avec de nombreux groupes autour de Saint-Louis, notamment Roland Johnson, Gene Jackson, Boo Boo Davis, Everett Dean, Miss Molly Simms, Butch Moore et bien d’autres. Ces tournées avec Rockin’ Jake, Matt Hill, John Nemeth, Jeremiah Johnson, les Lucky Losers et Amanda Fish m’ont amené à jouer dans quarante-sept États des États-Unis.

Jeremiah Johnson et Paul Niehaus IV, 2022. Photo © Jocelyn Richez

Première tournée européenne

Je ferai ma première tournée européenne au printemps 2025. Elle durera trois semaines. Les deux dernières semaines de mai et la première semaine de juin 2025. Elle est organisée par TJ Concerts à qui j’ai été recommandé par Al Holiday, un ami et collègue musicien de Saint-Louis. Je suppose que la tournée se déroulera entre l’Allemagne et les Pays-Bas, mais je n’en suis pas encore tout à fait sûr.

Jam blues au BB’s

La jam blues que j’organisais au BB’s Jazz, Blues and Soups a eu lieu tous les mercredis du début de l’année jusqu’à sa fermeture en juin 2024. Tout se passait très bien, avec une excellente musique et un véritable esprit de communauté. Malheureusement, le BB’s a d’abord fermé ses portes en raison d’une panne de climatisation. Quelques mois plus tard, on a découvert que le bâtiment avait de graves problèmes structurels et que le propriétaire actuel ne voulait pas le réparer suffisamment pour le rouvrir. Il semble donc que l’historique BB’s Jazz, Blues, and Soups n’existe plus !

Aujourd’hui (22/10/2024), on a annoncé que le Billy’s on Broadway fermerait ses portes à la fin de ce mois. Le Billy’s on Broadway est un club qui s’appelait autrefois Beale on Broadway et qui pendant presque vingt ans se trouvait juste en face du BB’s,. C’était également un club de blues légendaire et incroyable. C’est vraiment triste de voir que des institutions de longue date n’ont pas survécu. Du fameux triangle d’or, il ne reste plus que le Broadway Oyster Bar…

De gauche à droite : Paul Niehaus IV, Gene Jackson, Roland Johnson, Kevin O’Connor. Photo DR (courtesy of Paul Niehaus IV).

Blue Lotus Studio

Blue Lotus Studio se trouve dans mon sous-sol dans un beau quartier de South City à Saint-Louis. Je l’ai lancé vers 2014 et, chaque année, je m’y suis davantage intéressé jusqu’au point où j’en suis aujourd’hui. C’était initialement pour moi et pour les projets dans lesquels j’étais impliqué mais, plus tard, c’est devenu aussi un lieu que les groupes et les artistes louent à l’heure. Le nom de Blue Lotus m’avait été recommandé par mon ami et mentor Rob Barnard. Blue vient du fait que nous aimons tous les deux le Blues, et Lotus parce que je m’intéresse à la philosophie orientale. En fait, Rob avait deux idées différentes : Lotus Rising et Blue Lotus. J’ai préféré Blue Lotus. Le studio a été élu “Best Recording Studio” en 2022 par RFT Reader’s Choice (Riverfront Times).

De gauche à droite : Eugene Johnson, Pete Zimmer, Roland Johnson, Gene Jackson, Kevin O’Connor (debouts), Kim Massie et Paul Niehaus IV (assis). Blue Lotus Studio Recordings, St Louis. Photo DR (courtesy of Paul Niehaus IV).

Blue Lotus Recordings

Le label Blue Lotus Recordings est né en 2016 et il a été initialement créé pour sortir l’album « Imagine This » de Roland Johnson. Cet album a été réalisé principalement par Roland, Kevin O’Connor et moi-même. Kevin est un génie de la musique, nous l’appelons « le Maestro ». Il maîtrise de nombreux instruments mais est également arrangeur. Ses arrangements de cordes et de cuivres ont été un élément essentiel de nombreux albums sortis par Blue Lotus.

Ce fut un grand honneur d’enregistrer à la fois Roland Johnson et Gene Jackson. Je les ai connus en les voyant jouer au Beale on Broadway, ce club légendaire qui a fonctionné pendant dix-neuf ans et a fermé ses portes en 2019. Ils y jouaient tous les deux au moins une fois par semaine. Mes années de formation, au début de la vingtaine, se sont souvent passées dans ce club à écouter de la musique et à développer des amitiés avec de nombreux artistes, dont Roland et Gene. J’ai pu enregistrer pour la première fois avec Roland en 2015 lorsque je lui ai proposé de faire partie de la compilation « 15 in 15 » de la St. Louis Blues Society. Roland, moi-même et Kevin O’Connor, nous sommes réunis et avons co-écrit une chanson que Roland devait chanter, qui s’appelle Ain’t That Loving You. Nous avons tellement aimé faire ça que nous avons souhaité continuer et écrire d’autres chansons, ce que nous avons fait. Après la sortie de l’album « Imagine This » de Roland Johnson, j’ai reçu un appel téléphonique de Gene Jackson me disant qu’il l’avait adoré et qu’il voulait aussi travailler avec nous, ce que nous avons fait.

De gauche à droite : Gene Jackson et Roland Johnson. Photo © Bob Baugh

La promotion des CD n’a pas été très loin. J’étais très naïf à l’époque, car je pensais que si la musique était bonne, le bouche-à-oreille se répandrait et que la popularité monterait. Avec l’expérience, je suis devenu plus tempéré, et parfois blasé, au point que je crois maintenant que même si vous faites la meilleure musique que le monde ait jamais entendue, à moins d’avoir une équipe de professionnels dévoués pour la promouvoir, elle n’ira nulle part. Je n’ai aucun plaisir à l’admettre. Je suis perpétuellement frustré par le peu d’intérêt que la plupart des gens accordent à l’écoute de nouvelles musiques originales.

Nous avons beaucoup de projets en cours, notamment un album de Blues original de Matt “The Rattlesnake” Lesch qui sortira en janvier 2025 (NDLR : le single Feel So Good est déjà disponible), ainsi qu’un superbe album de Joe Metzka, à la fois en préparation et terminé, qui sortira bientôt.

Walter Greiner et Philmo (alias Phillip Montgomery) sont deux artistes prolifiques avec lesquels nous avons adoré travailler. Ils sont tous deux des vétérans de la musique et de l’écriture de chansons. Philmo a sorti des singles incroyables et bien d’autres sont à venir. Walter a sorti cinq albums avec Blue Lotus et, en plus, environ la moitié des chansons de mon album « If I Stay Too Long » sont écrites ou co-écrites par lui. Il y a d’autres artistes incroyables avec lesquels nous travaillons et dont vous entendrez bientôt parler. Walter Greiner a un prochain album studio, qui sera son sixième album. Ne manquez pas non plus mon deuxième album. Concernant Roland Johnson, nous pourrions envisager de faire une compilation de certains de ses morceaux.

De gauche à droite : John Marshall, Eugene Johnson, Gene Jackson, Paul Niehaus IV. Photo DR (courtesy of Paul Niehaus IV).

« Imagine This » de Roland Johnson et « 1963 » de Gene Jackson ont tous deux été nominés aux Blues Blast Music Awards en 2017. L’album « Who is He ? » de Dylan Triplett a été enregistré au Blue Lotus Studio (sorti sur le label VizzTone), il a remporté un Blues Music Award en 2023. L’album « Unemployed Highly Annoyed » de Jeremiah Johnson a également été enregistré au Blue Lotus Studio (sorti sur le label RUF), il a été nominé pour un Blues Music Award en 2020.

Archway Sound Studio / Oliver Sain

Le légendaire musicien et producteur Oliver Sain a ouvert le Archway Sound Studio à Saint Louis en 1965 et y a enregistré de nombreux artistes dont Fontella Bass, Little Milton, Albert King, Ike et Tina Turner, Barbara Carr, David Dee, Johnny Johnson. Sain a continué à enregistrer jusqu’à sa mort en 2003. Je suis un grand fan d’Oliver Sain et de son héritage discographique. J’aurais seulement aimé naître quelques années plus tôt pour pouvoir le rencontrer, peut-être travailler avec lui. Ce n’est pas à moi de dire si j’ai l’impression de lui succéder, mais ce serait un honneur de le faire. Je veux que la musique que je fais parle à un maximum de monde et j’espère seulement pouvoir réaliser quelque chose de proche de ce qu’Oliver Sain a fait dans sa vie. C’est une grande source d’inspiration.

Saint Louis Blues Society (STLBS)

Le Covid a certainement mis la Saint Louis Blues Society en pause pendant une longue période. Elle a commencé à revenir récemment et ils viennent de sortir un CD de musique de Leroy Jodie Pierson et Tom Hall, un enregistrement live de 1993. Cela fait partie du « Archive Project » qui semble être un objectif important pour la STLBS. Ils viennent aussi de célébrer le 40e anniversaire de la fondation de la Saint Louis Blues Society, le dimanche 20 octobre au Hammerstone’s avec notamment Devin Williams, Boo Boo Davis et John McVey.

Les compilations STLBS étaient prévues pour se terminer avec « 20 in 20 », mais l’arrivée du Covid a empêché la STLBS de fonctionner pendant quelques années. Il devait s’agir uniquement de « 20 in 20 » car, au fil des années, il est de plus en plus difficile d’obtenir ce nombre de pistes sur un seul CD. Peut-être aurions-nous continué et simplement limité le nombre de pistes à un nombre plus petit. Je pense toujours à essayer d’organiser un projet similaire, plutôt sous la marque Blue Lotus Recordings, mais je n’ai pas encore franchi le pas.

La victoire de Ms. Hy-C and Fresh Start Band représentant la Saint Louis Blues Society à l’International Blues Challenge (IBC) 2019 à Memphis a été un événement passionnant, mais je ne vois malheureusement aucun impact ou résultat durable en conséquence. Le Covid a tout ruiné.

Miss Jubilee et Paul Niehaus IV. Photo © Jocelyn Richez

Évolution de la scène blues de Saint Louis ces dernières années et son état actuel

La scène blues de Saint Louis est largement sous-estimée aux USA et surtout en Europe par rapport à celles de Chicago, Memphis, La Nouvelle-Orléans, Nashville ou du Mississippi. C’est un problème compliqué. La plupart des artistes les plus célèbres de Saint Louis ont dû quitter la ville pour vraiment démarrer leur carrière et leur renommée. En plus de ne pas avoir de labels de premier ordre, Saint Louis manque de professionnels du monde de la musique. Des emplois comme publiciste musical, promoteur radio, avocat spécialisé dans le divertissement, superviseur musical, etc. Si Saint Louis avait plus d’infrastructures pour le monde de la musique, peut-être serait-elle mieux positionnée sur le marché de la musique. Je veux aussi partager la faute avec les élus de Saint Louis. On parle beaucoup de la « scène musicale de Saint Louis », mais ce n’est pas une scène au sens singulier du terme, c’est plutôt une situation fracturée où personne ne se coordonne vraiment et chacun ne pense qu’à soi comme un tout. Il s’agit de différentes factions concurrentes. Cette triste situation freine sans aucun doute la musique de Saint Louis à ce jour. Si vous regardez des villes comme Memphis, La Nouvelle-Orléans et Nashville, elles ont des municipalités qui se chargent de promouvoir les mélanges musicaux uniques de leur ville. Saint Louis est bien trop divisée pour le faire correctement de mon point de vue. Malheureusement, le mot qui me vient à l’esprit est népotisme, plutôt que qualité et mérite.

Paul Niehaus IV et Boo Boo Davis. Photo DR ( courtesy of Paul Niehaus IV).

La scène blues de Saint Louis n’est certainement plus ce qu’elle était il y a quelques années. Les fermetures du Beale on Broadway et maintenant du BB’s ont été désastreuses. Seul, le Broadway Oyster Bar reste du fameux « Blues Triangle » et ils n’ont du blues qu’une fois par semaine, le lundi, parfois deux fois par semaine. Le Hammerstone’s à Soulard reste un grand soutien de la scène blues locale. Le National Blues Museum (qui a ouvert en avril 2016) ne semble pas avoir beaucoup changé la scène blues en général. Le Big Muddy Blues festival leur a été confié cette année et il s’est bien passé. Mais en dehors d’un festival d’un jour, l’enthousiasme pour le Blues s’estompe.

Récemment, Blue Lotus Recordings a terminé un album de blues avec un artiste local. Nous avons pensé qu’il serait intéressant de contacter un plus gros label de blues pour voir s’il était intéressé par un partenariat pour la sortie sous leur marque, ou par une distribution, ou quelque chose comme ça. Nous n’avons jamais eu de nouvelles d’eux, pas même un accusé de réception. C’est un label pour lequel j’ai enregistré deux albums à succès ! Cela renforce pour moi l’idée que la qualité et le mérite passent après le favoritisme et le copinage.


Par Jocelyn Richez

Quelques vidéos : 

Brian Owens et son père Thomas OwensA Change is Gonna Come (Sam Cooke)
Roland JohnsonCan’t Get Enough
Live avec Paul Niehaus
Gene JacksonThinking About It
Dylan TriplettThe Dog That Crawled In (dans les studio Blue Lotus pour la compil 18 in 18 de la STLBS)
Roland Johnson à la St Louis Bluesweek 2013 – Try a Little Tenderness
Roland Johnson à la bluesweek 2011 – I’ve Been Loving You Too Long