Eddie Stout, patron du label Dialtone Records, bassiste de talent, passionné de Blues depuis toujours, est aussi le big boss du Eastside Kings Festival à Austin et une personnalité incontournable de la ville texane. Nous sommes allés le rencontrer chez lui en septembre 2018 et avons découvert ce formidable festival – certainement l’un des tout derniers à taille humaine à donner toutes ses lettres de noblesse au Blues – avec une forte présence de musiciens locaux. Nous y avons rencontré plusieurs artistes encore inconnus en Europe mais au talent indéniable que nous allons avoir plaisir à vous faire découvrir dans ce numéro ainsi que dans le n°65 d’avril prochain.
Après que Jean-Luc Vabres soit revenu sur le parcours d’Eddie Stout et sur son actualité, Scott M. Bock nous parle de deux de ces artistes rencontrés à Austin : Soul Man Sam Evans et Crystal Thomas (valeur montante dans les registres blues et soul/blues, elle vient d’être récompensée par un Blues Critic Award dans la catégorie “Best Soul Blues Album” 2018 et chante dans le nouveau CD Dialtone avec Bloodest Saxophone : chronique dans ce numéro). Vous pourrez avoir un aperçu de leur talent en video à la fin de chaque article ; l’enregistrement de Soul Man Sam choisi pour l’occasion ayant été réalisé dans l’un des clubs qui fait justement partie des scènes du Eastside Kings Festival, le Big Easy Bar & Grill. À ce propos, la configuration du festival dans ce quartier d’Austin est tout à fait originale, dans un périmètre restreint, ce qui lui confère un caractère très « intimiste » ; nous y reviendrons en détail dans le n°65.
Difficile certes de redescendre de tels moments de musique, mais le monde continue à tourner et les artistes à créer, à l’image de Don Flemmons qui sort un magnifique nouvel album chez Smithsonian Folkways Recordings, « Black Cowboys », prolonge l’Histoire à sa manière. Sorte de « développement durable », nous dit Stéphane Colin dans son Jazz Me Blue, à l’instar de deux autres excellents albums nouveautés.
Au rang des actualités tout fraîchement tombées, sachez que nous sommes ravis car « Voices Of Mississippi : Artists and Musicians Documented by William Ferris » a remporté le 10 février deux Grammy Awards dans les catégories “Best Historical Album” et “Best Liner Notes”. Nous sommes vraiment ravis que le travail exceptionnel de notre ami Bill Ferris soit récompensé et reconnu à ce niveau. Ensuite, n’oubliez pas de réserver votre samedi 6 avril 2019 pour l’inauguration du Musée Européen du Blues sous l’égide de Jacques Garcia et son épouse, avec le jour même un concert de Bobby Rush (parrain du projet) à la Pyramide de Romorantin (toutes les infos sur : museedublues.free.fr).
Nous ne pouvons terminer ce magazine sans vous dire la peine que l’annonce du décès de Bill Sims nous a fait. Nous l’avions vu entre autre avec l’Heritage Blues Orchestra lors du Aulnay All Blues 2011 et, précédemment, j’avais eu le plaisir de le rencontrer en août 2011 alors qu’il se produisait à Blues En Loire. Nous avions, à l’issue de son concert, fait une balade dans les vignobles de Sancerre et goûté des vins en présence de Larry Skoller et de nos épouses respectives (cf ABS Mag n°33), ce qui nous avait permis de faire plus ample connaissance. Ce fut une chouette après-midi en compagnie d’un musicien pétri de talent, homme dont la culture et la gentillesse égalaient la modestie. Je pense aujourd’hui à son épouse Karen Wilson et à sa fille Chaney Sims. Grande peine encore à l’annonce du décès d’un chanteur de Chicago dont nous vous avions également parlé dans ABS Magazine à l’époque du papier… : Willie “D” Freeman. Cet artiste avait l’une des plus belles voix soul qui nous ait été donné d’entendre. Nous étions devenus familiers au gré de nos périples dans la Windy City et avons passé pas mal de temps dans divers clubs en sa compagnie, dont le fameux Rooster’s Palace aujourd’hui fermé. À chaque fois, cet artiste fougueux mais pétri de talent créait l’émotion en chantant le Blues et la Soul. Dans les nuits souvent « électriques » du West Side, il savait aussi se faire protecteur pour que ses petits amis “frenchies” n’aient pas de souci… Son caractère certainement et le manque d’opportunités probablement l’ont privé d’une carrière discographique qu’il aurait pourtant amplement mérité. Comment ne pas se rappeler ce jour de juin 2008 où, invité par l’orchestre de Joe B and his Shot Gun Blues Band à monter sur scène lors du Chicago Blues Festival dans Grand Park, il a pris le micro pour chanter End Of The Rainbow de McKinley Mitchell ? Toutes les gorges se sont serrées, les yeux se sont voilés, la tension était palpable dans le public à majorité noire, le sentiment de vivre un très grand moment de Soul music traversait chacun. Je repense souvent à ce moment. Comment ne pas se rappeler aussi les éclats de rire que Jean-Pierre Urbain et lui avaient lorsqu’ils discutaient avec passion musique ou politique ? Que la réalité de la vie est dure… Marcel Bénédit